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Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/39

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HENRI, buvant.

Oui.

CHAVERNY.

Vous n’êtes pas Espagnol ?

HENRI.

Non.

CHAVERNY.

Je gage alors que vous êtes Français.

HENRI.

Et Parisien.

CHAVERNY.

Touchez là, nous sommes pays comme disent les bonnes gens. (Lui versant à boire.) Je me nomme Chaverny.

HENRI.

Le marquis de Chaverny.

CHAVERNY.

Oui, et vous ?

HENRI.

Permettez-moi de vous taire mon nom. Vous comprendrez et vous pardonnerez ma discrétion quand je vous aurai dit que je suis proscrit.

CHAVERNY.

Proscrit ! Diable ! vous aurez trempé dans quelque conspiration ? Celle de Castellamare, n’est-ce pas ?

HENRI.

Si vous voulez.

CHAVERNY.

Vous êtes gentilhomme ?

HENRI.

Le roi Louis XIV m’a fait chevalier.

CHAVERNY.

Vrai Dieu ! S’il vous avait vu vous démener tout à l’heure, au milieu de cette bande de démons, il vous eût faite comte, au moins ; et moi qui vous dois la vie, je vous ferais riche, si je n’étais pas ruiné.

HENRI.

Vous étiez, je crois, cousin de Philippe, duc de Nevers ?

CHAVERNY.

Oui, oui, je suis très-richement apparenté, je suis encore cousin de Philippe de Gonzague, qui passe à bon droit pour un Crésus… Et s’il mourait sans tester, je serais son héritier.

HENRI.

N’a-t-il donc pas d’enfants ?