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Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/42

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HENRI.

Que l’héritage vous arriverait ?

CHAVERNY.

Oui… si je n’étais pas plus adroit que les autres… et là-dessus, je suis parti résolu à fouiller l’Espagne dans ses plus petits recoins ; si la fille de Nevers est dans ce pays, je jure Dieu que je la retrouverai… et quand je l’aurai trouvée.

HENRI.

Que ferez-vous ?

CHAVERNY.

Vous êtes Français, gentilhomme et vous me demandez ce que je ferai… ventre Saint-Gris !… je ramènerai l’enfant à sa mère… ça me coûtera quelque chose comme quinze ou vingt millions. Ça sera une folie, j’en conviens… Mais je suis sûr de ne me reprocher jamais celle-là.

HENRI, lui prenant la main.

Bien, bien, vous êtes vraiment du sang des Nevers.

TONIO.

Monsieur, voici votre épée… le roi de France n’en a pas de meilleure.

CHAVERNY.

Malheureusement, je ne peux pas la payer en roi… pourtant je…

HENRI.

Monsieur le marquis, voulez-vous me faire l’honneur d’accepter cette épée, et me promettre de la porter en souvenir du proscrit !

CHAVERNY.

Chevalier ! je n’ai rien à vous refuser… Vous me permettrez seulement de payer la journée de ce brave garçon. (Il lui jette sa bourse ; quatre heures sonnent.)

TONIO, à part.

Une bourse pleine !

CHAVERNY.

Quatre heures. (À part.) La Pépita doit m’attendre derrière la vieille cathédrale. (Haut.) Chevalier, je suis forcé de vous quitter. Nous nous reverrons j’espère encore une fois, touchez là ! Excepté contre le Régent, cette épée sera tout à vous, partout et toujours.

HENRI.

Partout et toujours ? je vous rappellerai peut-être cette bonne parole-là.

CHAVERNY.

Dieu le veuille et vous garde ! (Il sort.)