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Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/45

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HENRI.

Oh ! pas ce nom-là… jamais ce nom-là… Mon Dieu ! c’est le seul que je lui ai appris, que peut-elle voir en moi… un père !

BLANCHE.

Henri !

HENRI.

Quand j’étais enfant, les hommes de trente ans étaient pour moi des vieillards… quel âge croyez-vous que j’aie, Blanche ?

BLANCHE.

Que m’importe… je ne sais pas votre âge, Henri, mais ce nom que je vous donnais tout à l’heure, ce nom de père, je ne l’ai jamais prononcé sans sourire.

HENRI.

Pourquoi ? je pourrais être votre père !

BLANCHE.

Moi, je ne pourrais pas être votre fille, Henri.

HENRI.

J’étais plus âgé que vous ne l’êtes maintenant quand vous vîntes au monde… j’étais un homme déjà.

BLANCHE.

C’est vrai, puisque vous avez pu tenir mon berceau d’une main et votre épée de l’autre.

HENRI.

Chère enfant, ne me regardez pas au travers de votre reconnaissance, voyez-moi tel que je suis.

BLANCHE, le regardant.

Je vous regarde, Henri, et je ne sais rien au monde de meilleur, de plus noble, de plus beau que vous !

HENRI.

Avec moi as-tu toujours été heureuse ?

BLANCHE.

Oui, bien heureuse.

HENRI.

Et pourtant, tu m’as dit que tu souffrais parfois, et souvent je t’ai vue pleurer… pourquoi pleurais-tu ?

BLANCHE.

De votre absence, Henri… et puis…

HENRI.

Et puis ?…

BLANCHE.

De cette pensée, que peut-être…