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Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/47

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vous Henri, c’est à ma mère que je pense le plus souvent… Si j’avais une mère, Henri, si je l’entendais vous appeler mon fils… Oh ! que seraient de plus les joies du paradis ?

HENRI.

Et… s’il vous fallait choisir entre votre mère et moi ?

BLANCHE.

Entre ma mère et vous… Oh ! Henri !… Henri !… je t’aime !… je t’aime !… (Elle se cache la tête sur la poitrine d’Henri.)

HENRI, avec enthousiasme.

Dieu qui nous voies, qui nous entends et qui nous juges… Tu me la donnes donc… Oh ! Blanche !… Tiens, regarde, le bonheur que tu me fais… je ris… je pleure… je suis ivre, je suis fou… À moi… te voilà toute à moi ! ma bien-aimée… ne crois pas ce que je te disais… je suis jeune… va… oui je mentais… ceux de mon âge sont plus vieux que moi… Sais-tu pourquoi ? Les autres font ce que je faisais avant d’avoir rencontré ton berceau sur mon chemin… les autres s’en vont prodiguant follement le trésor de leur jeunesse. Tu es venue, toi, et je me suis fait avare de ce trésor… avare pour te garder toute mon âme… je n’ai plus rien aimé… rien désiré… et mon cœur que j’ai laissé dormir s’éveille, et ce cœur n’a que vingt ans.

LA VOIX DE COCARDASSE, en dehors.

As pas pur, pécaïre ! il faut que je parle à ton maître, sandiou il le faut !

HENRI.

Cette voix… je la reconnais… oh ! rentre vite !

BLANCHE.

Encore un danger !

HENRI.

Oh ! ne crains rien… je suis fort… je suis invincible à présent… Tu m’aimes ! tu m’aimes !… (Il la reconduit jusqu’au seuil de la porte conduisant à l’intérieur, puis voyant Cocardasse entrer en poussant Tonio devant lui, Henri saute sur son épée qu’il décroche.)


Scène VIII

HENRI, COCARDASSE, TONIO.
COCARDASSE.

Eh donc le voilà ce maître, je savais bien qu’il était ici, bagasse !

HENRI.

Tonio, laisse entrer cet homme et va-t’en. (Tonio sort.)