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Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/48

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COCARDASSE, à part.

Toujours fier ! toujours superbe ! il veut me pourfendre comme les autres. Attention.

HENRI, allant froidement à Cocardasse.

Vous étiez huit dans les fossés de Caylus… huit lâches assassins ; de ces misérables, combien vivent encore ?

COCARDASSE.

Cinq sont décédés avant l’âge, frappés tous là, entre les deux yeux… Nous avons reconnu la botte de Nevers… Eh donc nous ne sommes plus que trois Staupitz… Passepoil et…

HENRI.

Ne te compte pas, car tu vas mourir.

COCARDASSE.

Capédédiou ! vous êtes prompt comme la foudre, mais vous prendrez bien le temps de voir que Pétronille est à sa toilette et que je suis sans armes.

HENRI.

Allons donc manque-t-il d’épées ici !… choisis…

COCARDASSE.

Faire une infidélité à Pétronille… jamais !

HENRI.

Comprends donc, vieux drôle, que je ne veux pas te laisser vivre à présent que tu peux m’aller vendre et livrer, comme tu as vendu et livré Nevers. J’ai juré que pas un de ses meurtriers ne m’échapperait, après les huit valets, le maître. As-tu donc peur de la mort ?

COCARDASSE.

Être tué par vous ! J’aimerais mieux vivre cent dix ans, ingrat… Vous me soupçonnez… toi, mon élève… mon orgueil… ma joie !… Mais pour vous Passepoil et moi, nous nous serions faits griller à petit feu… c’est vrai que nous trahissions quelqu’un… quelqu’un qui nous payait grassement pour découvrir votre cachette et celle de la petite… Ce bon M. de Peyrolles ! nous le servions comme il le mérite… nous vous avons déniché trois fois à Burgos, à Séville, à Pampelune et nous avons eu la délicatesse d’en prévenir cet excellent M. de Peyrolles, mais seulement quand un avis mystérieux vous avait fait prendre la clef des champs.

HENRI.

Ces billets anonymes…

COCARDASSE.

Étaient écrits de la main du petit prévôt… Amable Passepoil… ex-commis au baillage de Falaise son pays… Hélas ! Passepoil ne vous écrira plus, Oreste a perdu son Pylade, le