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Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/49

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coquinasse a cédé au torrent tumultueux de ses passions, il m’a quitté pour suivre une Vénus andalouse, petite, sèche et si brune que je la crois nègre… Oh ! depuis madame Ève, les femmes sont la perdition de l’humanité ; bref, quand j’ai su que vous étiez céans, au risque d’une estafilade, je suis venu vous dire : Garde à vous ! le Peyrolles est à Ségovie.

HENRI.

Peyrolles !

COCARDASSE.

En compagnie de Staupitz.

HENRI.

Staupitz !

COCARDASSE.

Ils ne sont pas encore sur votre piste, et M. de Peyrolles désespère même de la trouver jamais, car le grigou vient de me supprimer mes gages. Je n’ai plus besoin, m’a-t-il dit, de chercher ce Lagardère ; j’ai trouvé le trésor qu’il avait emporté.

HENRI.

Blanche de Nevers !… il l’a vue ?…

COCARDASSE.

J’en avais eu peur comme vous, mais Staupitz m’a expliqué la chose ; il paraît qu’il est très-intéressant pour ce bon M. de Peyrolles, que mademoiselle Blanche de Nevers soit trouvée et ramenée à Paris avant la fin de cette année. Alors désespérant de rencontrer la vraie, le Peyrolles en présentera une de contrebande, et il a rencontré ce qu’il lui fallait, car il part ce soir pour la France ; Staupitz doit l’attendre au défilé de la Tasse du Diable avec des mules.

HENRI.

À quelle heure ?

COCARDASSE.

À six heures.

HENRI.

C’est bien… va-t’en.

COCARDASSE.

Voilà toutes les amitiés que vous me faites, à moi votre vieux Cocardasse… Vous avez donc oublié que je vous ai fait ce que vous êtes ?

HENRI.

Tu étais dans les fossés de Caylus et tu vis encore… Tu vois que je me souviens.

COCARDASSE.

Sandiou ! je ne vaux pas grand’chose, je le sais, mais sur