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Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/6

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COCARDASSE, paraissant.

Eh ! sandiou ! Voilà deux heures que nous voyons ce diable de château sur sa montagne maudite, il me semblait qu’il marchait aussi vite que nous. Enfin nous le tenons. (Il entre et étale ses guenilles avec une impudente fierté.) As pas pur ma caillou, entre mon bon, nous sommes au port.

PASSEPOIL.

Jetons l’ancre !

COCARDASSE.

Capédédiou ! du vin ! (Il prend le broc sur la table et boit à même.)

PASSEPOIL, apercevant Martine.

Ventre de biche ! une femme ! (Il lui prend la taille et veut l’embrasser.)

MARTINE, s’échappant.

Au secours ! à l’aide !

PASSEPOIL.

Ne crions pas, Vénus allons, un petit baiser, ô reine des amours !

MARTINE.

Il est fou, ce gros-là !

PASSEPOIL.

Je suis fou, oui, mais je ne suis pas gros. Il paraît que j’ai un cœur comme on n’en a pas, il va toujours grandissant, et le corps enveloppant le cœur, naturellement le corps se développe, mais je suis tout cœur, oh ! la belle des belles ! et ce cœur est à toi !

MARTINE.

Lâchez-moi, ou je crie au feu.

COCARDASSE, qui a bu.

Caramba ! Tu ne pourras donc jamais commander à tes passions ?

PASSEPOIL.

Je ne demande qu’un baiser sur la main.

MARTINE.

Ma main, la voilà… (Elle lui donne un soufflet et remonte la scène.)

PASSEPOIL, soupirant.

C’est encore une faveur ; d’une femme tout est bon.

MARTINE.

Laissez-moi donc vous annoncer aux autres.

COCARDASSE.

Ils sont arrivés. Eh ! oui, sandiou ! je vois leurs rapières. Annoncez-leur Cocardasse junior.

PASSEPOIL.

Et Amable Passepoil qui vous adore, ô Calypso.

COCARDASSE.

Ils nous ont vus, ils accourent, les voilà.