Aller au contenu

Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

GONZAGUE.

Vous n’aurez rien à cacher des misères de votre passé. Dites la vérité, toute la vérité. Allez, mon enfant, cette heure qui va sonner sera solennelle dans votre vie.

FLOR, sortant avec Angélique.

La petite bohémienne, fille d’une princesse, cousine du roi de France. (Elle sort à gauche.)


Scène VIII

GONZAGUE, PEYROLLES.
GONZAGUE.

Rue du Chantre ! Est-elle seule ? l’a-t-il suivie ?… mais est-ce bien elle ? c’est ce dont il faut s’assurer d’abord. (Il sonne, un valet paraît.) Monsieur Peyrolles, qu’il vienne, à l’instant. (Le valet sort à droite.) Pourquoi ce Lagardère aurait-il tant attendu ? Non, ce ne peut être lui… cette jeune fille n’est pas à redouter, et rien ne viendra déranger la comédie que je prépare ; cette petite Flor y jouera son rôle à merveille… Allons, Philippe, ceci est le grand coup de dés. Les millions de la banque de Law peuvent, comme les sequins des Mille et une Nuits, se changer en feuilles sèches. Mais les immenses domaines de Nevers feraient à eux seuls une fortune royale. Je veux la richesse à défaut du bonheur… madame de Gonzague devra bien au moins un peu de reconnaissance à l’époux désintéressé qui va lui rendre sa fille… que de baisers elle donnera à cette petite gitana ! (Riant.) Croyez donc à la voix du sang ; à l’instinct des mères. (Plus sombre.) Puis, dans quelque temps, une jeune et belle princesse pourra mourir de langueur… il en meurt tant de jeunes filles… regrets, deuil général. Héritage enfin assuré, et bien gagné vraiment.

PEYROLLES.

Monseigneur m’a fait appeler ?

GONZAGUE.

Vous m’avez dit, maître Peyrolles, que vous soupçonniez Lagardère d’avoir mis à mort ce pauvre Staupitz.

PEYROLLES.

Oui, monseigneur.

GONZAGUE.

Eh bien, prenez garde à vous. Je soupçonne, moi, Lagardère d’être à Paris.

PEYROLLES.

Miséricorde !