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Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/73

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LA PRINCESSE.

M. de Gonzague fournira la preuve de la mort de ma fille.

CHAVERNY.

Moi, madame, je vous apporte la preuve que votre fille existe.

LA PRINCESSE.

Vous avez dit la preuve.

CHAVERNY.

La voilà.

LA PRINCESSE, avec joie.

Une preuve… enfin !…

CHAVERNY.

Je vous aurais donné plus tôt cette lettre, s’il m’avait été permis plus tôt d’arriver jusqu’à vous.

LA PRINCESSE, tristement.

Un billet sans signature.

CHAVERNY.

Le gentilhomme qui l’a écrit, ce billet, est un brave et loyal soldat.

LA PRINCESSE.

Pourquoi n’a-t-il pas signé ?

CHAVERNY.

Ce gentilhomme est proscrit.

LA PRINCESSE.

Vous avez été, comme je le fus vingt fois, dupe de fourbes et d’intrigants : quand vous a-t-on remis ce billet ?

CHAVERNY.

Il y a deux mois, en Espagne.

LA PRINCESSE.

Et depuis deux mois rien n’est venu prouver l’existence de ma fille et, tout à l’heure, je vous le répète, M. de Gonzague apportera, lui, la preuve de sa mort. Mais si la justice des hommes est pour M. de Gonzague, j’aurai pour moi peut-être la justice de Dieu, jusqu’à l’heure où elle se révélera pour frapper et punir… laissez-moi pleurer et prier… (Elle va s’agenouiller sur le prie-Dieu, Chaverny salue profondément et sort.)


Scène III

LA PRINCESSE.

N’ai-je pas assez souffert, combien de temps encore durera ce martyre ! Si ma fille est auprès de vous, rappelez-moi… si ma fille est morte mon Dieu… la mort, la mort.