Aller au contenu

Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA PRINCESSE, qui tout absorbée n’avait vu entrer personne semble revenir à elle.

Je ne pouvais aller à vous, messieurs, je vous remercie d’avoir bien voulu venir à moi. (Sur un signe de la princesse tout le monde s’assied.)

GONZAGUE.

Vous plaît-il, madame, entendre le chancelier ?

LA PRINCESSE.

J’écoute.

LE CHANCELIER.

Madame… monsieur le Régent avait compté présider de sa personne cette assemblée de famille tant à cause de l’amitié qu’il porte à M. de Gonzague qu’à cause de la fraternelle affection qu’il avait jadis pour feu M. le duc de Nevers… mais les soins de l’administration du royaume retenant Son Altesse au palais, elle a daigné instituer commissaires et juges royaux MM. de Villeroy, de Lamoignon et moi. M. de Gonzague ayant à nous exposer ce qu’il veut de fait et de droit nous sommes prêts à l’entendre.

GONZAGUE.

Qu’il me soit permis de remercier d’abord tous ceux qui, en cette occasion, ont honoré ma famille de leur bienveillante sollicitude, monseigneur le Régent le premier ; je rends grâce aussi à madame la princesse qui, malgré sa santé languissante et son amour pour la retraite, a bien voulu descendre des hauteurs où elle vit d’ordinaire jusqu’au niveau de nos misérables intérêts humains.

NAVAILLES, bas.

Bel exorde.

GONZAGUE.

Philippe de Lorraine, duc de Nevers, était mon cousin par le sang, mon frère par le cœur… Oui, nous étions vraiment frères !…

CHAVERNY, bas.

Frères comme Abel et Caïn.

GONZAGUE.

Quinze ans écoulés n’ont point adouci l’amertume de mes regrets. Philippe mourut victime d’une vengeance ou d’une trahision. Malheureusement la fuite des assassins ne permit pas à la justice d’avoir son cours… Messieurs, j’arrive aux faits qui ont motivé cette convocation.

CHAVERNY, à part.

Nous allons en apprendre de belles… Mais dussé-je protester seul, je protesterai, vive Dieu !…