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Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/76

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GONZAGUE.

Ce fut en m’épousant que madame la princesse déclara son mariage secret, mais légitime, avec le feu duc de Nevers, elle constata en même temps l’existence d’une fille née de cette union. Les preuves écrites manquaient. L’enfant avait disparu la nuit même du meurtre de son père, et le parlement de Paris rendit un arrêt qui suspendait (dans les limites posées par la loi,) mes droits à l’héritage de Nevers. C’était sauvegarder les intérêts de la jeune Blanche de Nevers c’était justice, mais cet arrêt donnait à la calomnie beau jeu contre moi : un seul obstacle, disait-on, me séparait d’un immense héritage et on me soupçonna d’un crime, oui, d’un crime. (À la princesse.) On vous a dit, n’est-ce pas, madame, que si vous cherchiez en vain votre fille, que si vos efforts étaient restés inutiles, c’est qu’une main mystérieuse était là dans l’ombre qui donnait le change à vos recherches, égarait vos poursuites. On vous a dit cela ?

LA PRINCESSE.

On me l’a dit.

GONZAGUE.

On vous a dit encore que cette main perfide était celle de votre mari.

LA PRINCESSE.

On me l’a dit.

GONZAGUE.

Et vous l’avez cru ?

LA PRINCESSE.

Je l’ai cru. (Murmures.)

GONZAGUE.

Eh bien, madame, je répondais à toutes ces accusations infâmes par une poursuite plus ardente, plus obstinée que la vôtre. Je cherchais, moi aussi, la fille de Nevers. Je la cherchais avec mon or, avec mon cœur et aujourd’hui…

LA PRINCESSE.

Vous venez me dire qu’elle est morte. N’est-ce pas ?

GONZAGUE.

Aujourd’hui, je viens à vous, qui me méprisez, qui me haïssez, moi qui vous respecte et qui vous aime. Je viens à vous et je vous dis : Ouvrez vos bras, heureuse mère, je vais y mettre votre enfant.

LA PRINCESSE.

Mon enfant ! (Mouvement général.)

CHAVERNY.

Hein ! J’ai mal entendu !