Aller au contenu

Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

GONZAGUE.

On saura en lisant la déclaration de Nathaniel, le bohémien qui a trouvé, élevé l’enfant, comment ce pli a pu disparaître…

LA PRINCESSE, à Flor.

Vous ne l’avez donc pas ?

FLOR.

Moi, je n’ai rien, madame… Je ne suis qu’une pauvre fille, élevée par charité… On m’a dit qu’on allait me ramener à ma mère… Oh ! madame, la pauvre petite bohémienne ne vous demande ni grandeurs, ni richesses, elle vous demande à genoux de l’aimer comme elle vous aime.

GONZAGUE.

Bien très-bien !

LA PRINCESSE.

Mon Dieu ! inspirez-moi ! mon Dieu ! ce serait un malheur horrible, ce serait un crime que de repousser mon enfant… mon Dieu !… Je vous implore du fond de ma misère. (Regardant le portrait et à voix basse.) Et toi, toi qui devais parler, parle… j’attends.

LE BOSSU, derrière la portière.

J’y suis !

LA PRINCESSE, avec joie.

Ah ! (À part.) Prodige ! prodige !

GONZAGUE.

Madame, oubliez si vous le voulez la main qui met dans la vôtre ce trésor. Je vous demande seulement de regarder cette pauvre enfant qui est là toute tremblante, toute brisée de l’accueil de sa mère. (La princesse regarde Flor.)

GONZAGUE.

Voyez, n’est-ce pas là votre fille ?……

LE BOSSU, derrière la tapisserie.

Non !

LA PRINCESSE, avec force.

Non ! (Murmures.)

CHAVERNY, à part.

Parbleu. Je l’aurais parié… mais comment sait-elle cela ?

GONZAGUE.

C’en est trop et la patience humaine a des bornes. Madame, il faut des raisons bien graves et bien fortes pour nier l’évidence… Ces raisons, les avez-vous ?

LE BOSSU, même jeu.

Oui…

LA PRINCESSE.

Oui.