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Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/89

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poursuit et qu’il veut perdre… Tu dois aller ce soir au bal du Régent, n’est-ce pas ?

BLANCHE.

Oui.

FLOR.

Et le chevalier de Lagardère t’a annoncé que là tu trouverais, tu embrasserais ta mère ?

BLANCHE.

Oui.

FLOR.

Ta mère à qui tu dois remettre un pli scellé renfermant les preuves de ta naissance.

BLANCHE.

Oui… Comment sais-tu cela ?

FLOR.

Je sais bien autre chose… je sais ce que tu ignores toi-même, peut-être. Je sais que tu te nommes Blanche de Nevers, que tu es la fille du duc de Lorraine et l’héritière d’une fortune immense ; fortune qui eût appartenu à ton ennemi s’il avait pu te faire disparaître. Désespérant sans doute de t’atteindre, le misérable a voulu cependant te voler ton nom, tes biens et la tendresse de ta mère. Il n’a pas craint de présenter à la place une pauvre fille qu’à son insu on faisait complice d’un crime ; mais le ciel a permis que cette complice involontaire pût entendre la nouvelle trame ourdie contre toi… Elle a appris tout à l’heure que, pour assurer le succès d’une fourberie infâme, on ne reculerait ni devant un rapt ni devant un meurtre… Et elle vient te dire : « On a voulu se servir de moi pour te perdre, mais au risque de ma vie, je te sauverai, oui Blanche, je te sauverai. »

BLANCHE.

Comment ! c’était toi ?…

FLOR.

C’était moi dont on voulait se servir… et un moment j’ai joué de bonne foi un rôle infâme… Blanche… les moments sont précieux… Lagardère n’est pas ici… mais tu vas avoir une protection plus puissante encore que la sienne… Viens ! Blanche, partons… je vais te conduire à ta mère, à ta mère qui saura bien, elle, défendre son enfant.

BLANCHE.

Non ! non ! je ne quitterai pas cette maison où Lagardère va venir, où quelque piége lui serait tendu peut-être. Avec lui je serai sauvée ou avec lui perdue… Je reste, je veux l’attendre…