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Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/92

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CHAVERNY.

Wigwam en velours nacarat… avec crépines d’or… ils se logent bien les sauvages.

NAVAILLES.

Voyez.

CHAVERNY.

Oui, oui, ces panoplies indiennes sont aussi du plus pur Mohican, des arcs, des flèches, des casse-tête en or ; tout est en or au Mississipi, le fleuve lui-même ne roule que des flots d’or.

NAVAILLES, qui a entr’ouvert le rideau du fond.

Oh ! décidément on veut que rien ne manque à la couleur locale… Voici la compagnie des gardes-françaises qui vient occuper les postes… et tous ces braves soldats sont déguisés en Indiens.

CHAVERNY.

Vraiment !… Allons voir cela, messieurs, allons voir cela. (Ils sortent par le fond. Arrivent de la droite Bréant suivi du bossu, vêtu convenablement de noir, jabot de dentelles, manchettes idem.)


Scène II

BRÉANT, LE BOSSU, puis LE RÉGENT et D’ARGENSON
venant de gauche.
BRÉANT.

Comment ! Riquet à la houppe, c’est toi qui as écrit à monseigneur le Régent cette lettre qu’il a relue trois fois ?

LE BOSSU.

C’est moi-même.

BRÉANT.

C’est à toi qu’il va donner audience ?

LE BOSSU.

Peut-être bien.

BRÉANT.

À un bossu !

LE BOSSU.

Oh ! j’ai l’esprit mieux fait que la taille. D’abord je sais reconnaître les petits services qu’on me rend… Si tu veux me conduire tout de suite auprès de Son Altesse, ce double louis est à toi. (Il le lui donne.)

BRÉANT.

Voici monseigneur… reprends ton double louis, mon petit homme, je ne l’ai pas gagné.

LE BOSSU.

Garde-le tout de même avec celui-ci.