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Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/98

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NAVAILLES, entrant.

Messieurs il va se passer ici quelque chose d’extraordinaire.

TOUS.

Bah !…

NAVAILLES.

M. de Bonnivet, le capitaine des gardes, fait doubler tous les postes et deux nouvelles compagnies de gardes-françaises viennent d’arriver dans la cour.

CHAVERNY.

Qu’est-ce que ça veut dire ?

LE BOSSU.

Croyez-vous aux revenants, messieurs ?

TOUS.

Aux revenants ?

CHAVERNY.

Tu deviens funèbre, Ésope.

LE BOSSU.

Quand l’heure de la justice est venue et toujours elle vient, que ce soit tôt ou tard… un homme, un messager du tombeau, un fantôme sort de terre, parce que Dieu le veut… Cet homme accomplit parfois malgré lui sa mission fatale… S’il est fort, il frappe ; s’il est faible, il se glisse, il rampe, il va jusqu’à ce qu’il arrive au niveau de l’oreille des puissants, et à l’heure dite, le vengeur étonné entend le nom de l’assassin.

NAVAILLES.

De quel assassin veut-il parler ? Le connaissons-nous ?

CHAVERNY.

Dis-nous son nom.

TOUS.

Oui, son nom.

LE BOSSU.

Son nom vous épouvanterait si je vous le disais… mais sur la première marche du trône est assis le Régent et tout à l’heure une voix lui a crié : « Altesse, le meurtrier est là dans cette foule dorée… hier peut-être votre main royale a touché sa main sanglante, et le vengeur s’est levé en disant : » « Par le Dieu vivant, justice sera faite ! »

CHAVERNY.

Il y aurait un assassin ici ?

NAVAILLES.

Cet homme est fou.