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LES PLANS PARCELLAIRES 65

blement pas dénué de fondement. Mais il n’intéresse guère l’utilisation histo. rique des plans ; ar les erreurs ne portent évidemment que sur un assez petit nombre de parcelles — et, pour chacune d'elles, sur une quantité de terrain relativement faible: : ni la forme générale des champs, ni la répartition des propriétés, qui est affaire de moyennes, n'en sont sérieusement affectées. Plus dangereuses, sans doute, de notre point de vue, sont certaines omis- sions graphiques : la première générale et inévitable, les autres, malheureuse ment, trop fréquentes. En principe la planimétrie seule est tracée ; le relief n'est qu'exceptionnellement figuré et, dans ce cas, d’une façon toujours sché- matique et approximative. D'où la nécessité, pour comprendre vraiment le ter- roir, de s'aider d'autres documents topographiques — Les règlements veulent que les natures de culture soient indiquées par des lettres, qui, d’ailleurs, faute de tableau de correspondance uniforme, exigent, pour être comprises, une initiation préalable et, parfois, la connaissance de la langue agraire locale : passe encore que # ct 1 alternent capricieusement dans la désignation des terres labourées 1 mais, dans le Midi, il arrive que les terres incultes soient notées par un À (du provençal herm, l'eremus latin), petite énigme posée aux hommes du Nord. Le pis est que certains géomètres, en dépit des instructions ministérielles, ont absolument négligé d'inscrire les précieuses lettres. Leurs plans, où rien ne distingue un champ d’une vigne et une prairie d'un boque- teau, ne pourraient guère être utilisés qu’à l’aide d'une comparaison perpé- tuelle avec les états de sections, travail que son énormité mème rend presque irréalisable. — Dans les pays d’enclos, comme l'Ouest de la France, certains géomètres, particulièrement attentifs, ont pris soin de distinguer les sépara- tions par clôtures permanentes (par haies le plus souvent) de celles qui ne sont marquées que par de simples bornages ou même par des lignes tout idéales ; aux premières ils réservent le trait plein, les secondes n'ont droit qu'au pointillé. Par malheur, ce serupule est demeuré inconnu à beaucoup de leurs collègues : dessinateurs paresseux, dont la négligence risque d'induire en de curieuses erreurs les historiens plus familiers avec la carte qu'avec le pays. Dans l'Ouest, en effet, il arrive fréquemment que, à l'intérieur d’un même enclos, la terre ait été, au cours des temps, partagée entre plusieurs proprié- taires, qui l'ont découpée, à l'ordinaire, en minces parcelles, toutes allongées dans le même sens. Supposons que tout signe spécial pour la haie manque ; seules ces lanières apparaîtront sur le plan, dont l'aspect alors reproduit, à s’y méprendre, l'image des terroirs de la Beauce, par exemple, ou de la Picardie, avec leurs champs sans clôtures, étroits et longs : l'oubli du cartographe masque ainsi un des contrastes les plus frappants de la vie agraire française. Je crois bien que le grand historien anglais Secbohm s’y est un jour laissé trompert. Tant il est vrai que les cartes agraires, comme toutes les cartes,









4. Quantité non négligeable, cependant, dans les pays de champs étroits et allongés où tout déplacement de Ja limite, parallèlement à l'axe des sillons, entraine, même Si est. d'amplitude assez faible, une modification considérable dans la surface totale : aux + man- Seurs de raies», un léger déportement de la eharrue, à droite ou à gauche, suffisait souvent pour réallser ua gain sérieux.

2. Customary acres and their historical importance, 1944, p. 418 et suiv. ; notez, en face da pe 123, le Dlan de Carnac. Le passage sur les haies, p. 123, montre la source de l'erreur et Indique en même temps que Seebohm n'a pas été trés loin de l'apercevoir. Mais comment, ‘en l'absence des servitudes collectives caractéristiques, a-t-il pu se laisser aller à parler de “the breton open-fleld system +? 11 n'est que juste de l'ajouter, le livre, posthume, est un recuell de + unfinished essays ».




NN. D'INSTOIRE, — {re ANNÉE, 5 �