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72 ANNALES D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE

venus des quatre coins de l'horizon. Ii se tient dans une ville qui a son passé etsa vie propres, dans un pays dont l'originalité historique fournit, à ceux qui savent les entendre, de fructueuses leçons. Encore faut-il que ces trésors intellectuels soient mis à la portée de tous ! A Oslo, sous la conduite de M. Haakon Shetelig, la visite des merveilleuses et étranges trouvailles faites dans les tombes d'Oscberg et de Gokstad, puis devant les vitrines de l'Ose- Bergsalle, Va saisissante improvisation de M. Rostovtze!f (dans un esprit de belle impartialité scientifique, M. Shetelig avait lui-même tenu à céder la parole à l'ilustre savant russe, dont il ne partage point les théories), voilà, parmi tant de bons souvenirs que m'a laissés le Congrès, peut-être le plus frappant ; et je crois bien ne pas être le seul à sentir ainsi. Qu'on veuille bien me comprendre : pas plus que la majorité des auditeurs réunis co jour-là dans le Musée, je ne suis, à aucun degré, un spécialiste. Je n'ai jamais écrit, je 'écrirai, selon toute apparence, jamais sur l'évolution du «style animal». Mais qui de nous ne sait que son travail propre se nourrit de Lout enrichissi ment de sa culture historique ! J'aurais souhaité, je l'avoue, un effort plus soutenu pour nous ouvrir l'intelligence de la civilisation norvégienne, à la fois dans son passé et dans son présent. Nos amis de là-bas ne demandaient cer- fainement qu'à nous rendre ce service. À la vérité, une section spéciale du Congrès était consacrée à l'« histoire des nations nordiques» ; mais les com- munications érudites qu'elle groupait étaient destinées aux spécialistes. C'est pour l'historien « moyen » que je plaide ici. Je sais que, au cours des exeur- sions qui suivirent le Congrès et auxquelles je n'ai malheureusement pas pu participer, beaucoup a été fait dans le sens que j'indique. Dès Oslo même, il eût été, je crois, possible d'offrir une pâture plus abondante aux bons élèves dont beaucoup d'entre nous se sentaient l'âme. Un exemple éclairera ma pensée, Le hasard d'une conversation m'a appris qu’un de nos plus éminents collègues norvégiens prépare une histoire de la ville d'Oslo. Nos promenades le long de la Karl-Johansgade, au pied des vieux murs d’Akershus eL sur les quais du port, n’auraient-elles pas pris un aLtrait plus vif encore ct acquis une valeur éducative Loute nouvelle, si l'historien d'Oslo nous avait expliqué sa ville ?1

J'arrive enfin à ce qui est, à tout prendre, l'essence même d’un congrès : les communications, les discussions qui les suivent. Nous avons entendu à Oslo beaucoup de rapports d'un grand intérêt, quelques discussions vraiment suggeslives. Mais suis-je trop gourmand ? J'emporte un regret : parmi les communications que j'eusse désiré écouter, il en est un assez grand nombre que, retenu ailleurs, j'ai manquévs. Cest l'effet d'un élat de choses qui, depuis qu'il y a des Congrès, n'a cessé d’être dénoncé : abondance excessive des communications, portant sur des sujets trop variés ; d'où, par une co quence fatale, la formation d'un nombre exubérant de sections. Les divisions chronologiques {il y avait des sections d'histoire ancienne, d'histoire médié- vale, d'histoire moderne et contemporaine) s'enchevétrent avec d'autres barrières, construites sur un plan méthodique : sections d'histoire économique, d'histoire religieuse, ete. Irrationnel donc dans son principe, ec morcellement,

















£. Un exemple encore : une section du Congrês-était consacrée à l'enseignement. de l'histoire, Je ne vois pas qu'aucune communication y ait 616 prévue sur l'organisation de ce enseignement, à ses Lrois degrés, dans le pays même qui nous aceuweil'ait et que l'on sent si préoceupé de conserver vivantes Les traditions de son passe.