Page:Annales de l universite de lyon nouvelle serie II 30 31 32 1915.djvu/280

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noirs savent bien juger ». À de telles louanges, assez rares encore pour être précieuses de sa part, elle en ajoute une autre : « Je veux lui faire l’honneur de donner son nom à une de mes héroïnes ». [1]

Au milieu de ses occupations familiales et mondaines l’auteur de « Bon Sens et Sentimentalité » et d’« Orgueil et Parti pris » ne saurait ni ne voudrait oublier ses « enfants chéris ». À plusieurs reprises pendant son séjour chez son frère, elle entend parler très favorablement de ses livres et reçoit « d’exquises flatteries ». « Et de plus, écrit-elle, mes livres sont lus et admirés en Irlande. Il y a une certaine Mme Fletcher, la femme d’un juge, vieille dame très charmante et très cultivée qui brûle d’envie de me connaître, veut savoir à quoi je ressemble, etc. Elle ne sait pas qui je suis… Je ne désespère pas d’avoir un jour mon portrait exposé au Salon, un barbouillage de blanc et de rouge en guise de visage, et la tête penchée toute d’un côté. Peut-être épouserai-je après le jeune M. d’Arblay. D’ici là, je devrai à notre cher Henry des sommes énormes pour les frais d’impression, etc. ». [2] Car le succès de ses deux premiers romans s’affirme. « Orgueil et Parti pris » est très bien accueilli du public ; il a les honneurs d’une seconde édition à la fin de 1813. « Depuis ma dernière lettre, écrit-elle le 6 novembre, j’ai eu à m’occuper de ma seconde édition. Je ne peux pas m’empêcher de souhaiter que beaucoup de gens soient pris du désir de l’acheter. Je ne m’opposerais même pas à ce qu’ils considèrent cet achat comme un pénible devoir. L’important pour moi, c’est qu’ils fassent l’emplette de mon livre… Mary a entendu dire qu’on admirait beaucoup mon roman à Cheltenham. Je sais que je ne peux pas vous ennuyer en vous racontant tous ces détails et que je n’ai pas besoin de m’excuser ». Pour comparer ses

  1. Lettres. 11 octobre, 14 octobre et 6 novembre 1813.
  2. Lettres. 4 novembre 1913. Le jeune M. d’Arblay dont elle parle sans le connaître, est le fils de Mme d’Arblay (Fanny Burney) l’auteur d’« Evelina », « Cecilia », etc.