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ANNALES DE L’AIN

devenaient aussi la raison d’être et la condition d’existence d’une grande administration et pour ainsi dire, un des rouages essentiels de l’état : ils passaient au rang de fonctionnaires publics.

« Donc, on créa un directeur général, des chefs et des sous-chefs de bureau, des rédacteurs et des expéditionnaires, des inspecteurs généraux, des inspecteurs ordinaires, des contrôleurs, des agents de district, toute une nuée d’administrateurs, ou si vous aimez mieux de rongeurs, et alors nous avons été tondus des deux côtés.

« Nos inspecteurs se sont promenés partout, ils ont inspecté, visité, enquêté, interrogé, regardé, observé, examiné, expérimenté, contrôlé, vérifié, discuté, dessiné des cartes, établi des graphiques, dressé des statistiques, compté les lapins, les vieux et les jeunes, les morts et les vivants, les mâles et les femelles, les célibataires, les veufs, les orphelins.

« Ayant ainsi dressé le compte de leurs administrés, j’allais dire de leurs clients, ils ont rédigé un rapport décisif, un résultat était acquis : l’existence du lapin était scien-ti-fi-que-ment démontrée, et ad-mi-nis-tra-tivement reconnue.

« Il ne restait plus guère qu’à trouver un remède au mal. En attendant, on a interdit provisoirement les procédés employés jusqu’alors pour la destruction des rongeurs. Car c’est une maxime de notre administration de coordonner les efforts de tous ou leur abstention. Les lapins devaient mourir administrativement ou vivre. Ils ont vécu.

« Je suis impartial, je n’aime pas les exagérations et j’avoue que le gouvernement a fini pour imaginer une heureuse solution. Il s’est adressé à votre illustre com-