Page:Annales de la propagation de la foi, Tome 19, 1847.djvu/303

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fisseler le tout sur un chameau. S'arrêter était chose impossible. Malgré cette déplorable situation, nous étions forcés de continuer notre route. Pour comble de malheur les vivres commencèrent à nous manquer. Il ne nous restait plus que quelques mesures de farine d'orge. Pendant quinze jours nous dûmes nous contenter d'une modique ration. Humainement parlant nous devions périr, mais la bonté infinie de Dieu était toujours là pour veiller sur nous.

« Un jour que nous suivions les sinuosités d'un vallon, le cœur oppressé par de tristes pensées, voilà que tout-à-coup nous voyons apparaître des cavaliers sur la cime des montagnes environnantes. Nous ne pûmes nous empêcher d'éprouver un frémissement subit, en les voyant se précipiter vers nous avec impétuosité. Dans ce pays désert et inhabité que faisaient ces cavaliers ? Nous ne doutâmes pas un instant que nous étions tombés entre les mains des brigands. Leur allure d'ailleurs n'était nullement propre à nous rassurer. Un fusil en bandoulière, deux grands sabres suspendus de chaque côté de la ceinture, des cheveux noirs et huileux qui tombaient en longues mèches sur les épaules, des yeux flamboyants et une peau de loup sur la tête en guise de bonnet, tel était le portrait des personnages dont nous étions environnés. Ils étaient au nombre de vingt-sept, et de notre côté nous étions seulement dix-huit voyageurs ; car depuis quelques jours nous avions pris les devants sur le gros de la troupe. Après qu'on eut mis pied à terre de part et d'autre, un courageux Thibétain de notre petite bande s'avança pour parler au chef des brigands. A la suite d'une conversation assez animée : — « Quel est cet homme ? dit le Kolo, en indiquant de la main M. Gabet qui était encore attaché sur son chameau. — C'est un grand lama du ciel d'occident répondit le