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annales de la société j. j. rousseau

1721. Elle avait été l’une des grâces de la jeune Cour du roi Louis XV. On connaît les malins couplets de Tressan qui n’avait pas volé la maîtresse gifle dont ils furent payés :

Quand Boufflers parut à la Cour
On crut voir la mère d’amour.
Chacun s’empressait à lui plaire
Et chacun l’avait à son tour.

« Plus crainte qu’aimée, a dit Madame de Deffand, elle a beaucoup d’esprit et de goût. Ses gestes ont tant de grâces, ils sont si naturels et si parfaitement d’accord avec ce qu’elle dit qu’il est difficile de ne pas être entraîné à penser et à sentir comme elle. ».

Exceptée Mme de Pompadour qui ne l’aima point, la duchesse de Boufflers fut l’amie et la confidente des premières maîtresses de Louis XV. Elle fut aussi l’amie de Marie Lecksinska et chercha souvent à atténuer les plaies du cœur de la reine qui devaient, hélas, s’aviver de blessures nouvelles à chaque chronique scandaleuse à peine calmée par le châtiment successif de ses rivales.

En 1759, l’ancienne duchesse de Boufflers, devenue maréchale de Luxembourg depuis neuf ans, avait la cinquantaine. Horace Walpole disait alors :

« Elle a été très jolie, très abandonnée, très méchante. Sa beauté s’en est allée, ses amants s’en sont allés et elle pense que le diable va venir. Ce déchet l’a radoucie au point de la rendre plutôt agréable, car elle a de l’esprit et des bonnes manières ».

Elle était même devenue l’arbitre écouté du grand ton, fort redoutée de toutes les élégances mondaines.