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SUR LES PRINCIPES

prouver que des forces en équilibre ne se détruisent pas toujours et ne sont pas toujours, à l’égard d’un système, comme si elle n’existaient pas.

Cependant, lorsqu’il ne s’agit que des conditions de l’équilibre ou, plus généralement, lorsque la solution d’un problème n’exige pas que la formule soit différenciée et évaluée dans une position d’équilibre, nous venons de voir que des forces supposées en équilibre se détruisent, et peuvent être regardées comme nulles ; il est donc permis alors de changer le point d’application d’une force, et de le porter en un autre point de sa direction, pourvu (et c’est la condition énoncée dam tous les traités) que le second point Soit lié ou censé lié, c’est-à-dire ; regardé comme lié au premier, par une verge inflexible et inextensible.

Ici se présentent naturellement deux questions. Que signifient ces expressions : censés liés ou regardés comme liés ? Si le point auquel on transporte la force fait partie d’un système, sa liaison avec le point d’application est déterminée par la nature du système ; elle est par conséquent indépendante de tout ce qu’on peut imaginer en disant que les deux points sont liés ou censés liés entre eux par une verge inflexible et inextensible. Si ; au contraire, le second point est pris hors du système, sa liaison avec le premier est tout à fait arbitraire, et toujours telle qu’on voudra le supposer. La fiction exprimée par ces termes : censés liés ou regardés comme liés, est donc inutile dans le second cas et contradictoire dans le premier[1]. On éviterait ce double inconvénient, en réduisant la condition du déplacement des forces à ce que le second point, s’il fait partie

  1. Quelques auteurs, pour démontrer les conditions de l’équilibre du polygone funiculaire, transportent d’un nœud au nœud voisin les points d’application des forces ou de leurs résultantes. Ces nœuds sont donc censés liés entre eux par une droite inflexible. Cependant, d’après la définition du polygone funiculaire, donnée par les mêmes auteurs, les nœuds sont assemblés par des cordes flexibles ; il y a donc ici contradiction.
    Note de M. Dubuat