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DE LA DÉFINITION.
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La définition ne devant renfermer dans son énoncé qu’un seul mot nouveau, on sent d’après cela qu’il ne saurait être permis de définir un mot à l’aide soit de ce mot lui-même, soit de quelqu’un de ses dérivés ou composés. Cela reviendrait à vouloir, en algèbre, donner la valeur d’une inconnue, soit au moyen de cette inconnue, soit à l’aide de quelqu’une de ses fonctions. Celui qui, par exemple, définirait l’astronomie, la science de l’astronome pécherait évidemment contre ce précepte.

On donne aussi communément comme règle des définitions, de ne point employer le même mot à désigner deux idées ou deux collections d’idées différentes ; mais cette règle, bien importante sans doute, se trouve implicitement comprise dans la première. Si quelqu’un, en effet, par deux définitions distinctes, se permet d’attacher successivement au même mot des idées différentes, rien n’empêchera d’admettre la première de ces définitions, et dès-lors la seconde, ne renfermant plus aucun mot dont le sens ne soit déjà antérieurement fixé, cessera par là même d’être proprement une définition. Ce sera donc un théorème dont on pourra demander la démonstration. C’est ainsi qu’en algèbre, si l’on donne deux valeurs d’un symbole nouveau, en fonction de quantités toutes connues, on pourra fort bien admettre l’une d’elles ; mais il faudra ensuite prouver que l’autre coïncide avec celle-là.

Toutefois, à raison de la répugnance, peu fondée sans doute, que nous avons à forger des mots nouveaux, aussi souvent que nous en éprouvons le besoin ou l’utilité, cette règle, malgré son évidente importance, n’est point prise très à la rigueur dans la pratique ; et on ne rencontre que trop souvent, dans le langage, des mots qui sont pris, tantôt sous une acception et tantôt sous

    le mot composé influe sur la signification de celui-ci ; et c’est ainsi, par exemple, qu’un auteur pauvre peut fort bien ne pas être un pauvre auteur.