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DE LA DÉFINITION.

jour sur la discussion, et à lui donner une issue favorable, il peut également n’être pas sans intérêt et sans utilité qu’un homme de bonne foi examine à quoi l’on peut raisonnablement s’en tenir à l’égard des opinions diverses auxquelles la théorie des définitions a donné naissance ; et c’est parce qu’il nous paraît qu’un éloignement bien décidé pour ce qui ressemble à l’esprit de secte et de parti, est la qualité la plus désirable de la part de celui qui voudra remplir cette tâche, que nous hasardons de l’entreprendre.

I. En examinant de quelle manière toutes les langues connues sont constituées, on aperçoit d’abord qu’elles renferment toutes également et principalement deux sortes de mots, dont les uns désignent des objets individuels, tandis que les autres sont les signes de diverses collections d’objets, plus ou moins nombreux, se ressemblant les uns aux autres par quelques points dont la considération exclusive a conduit à en faire autant de groupes distincts. Ainsi, par exemple, le mot Newton est le nom d’un seul individu, tandis que celui de Géomètre est, au contraire, le nom commun à une multitude d’hommes différens de pays, de caractère, etc. ; mais se ressemblant du moins en ce point qu’ils cultivent tous ou ont tous cultivé, dans le cours de leur vie, les sciences exactes d’une manière spéciale.

Il serait assez difficile de décider si les noms individuels sont plus ou moins nombreux que les noms collectifs. Mais ce qu’on peut remarquer c’est que, tandis qu’il n’y a qu’une petite portion des noms individuels qui soient en usage dans chaque localité, les noms communs, au contraire, sont presque tous à l’usage de tout le monde. Ainsi, par exemple, les noms des rues et des places d’une ville, ceux des individus dont elle est peuplée, qui sont d’ordinaire très-familiers aux gens qui l’habitent depuis long-temps, sont inconnus de presque tous ceux qui n’y font point leur résidence ; tandis que les mots homme, oiseau, poisson, etc., sont également sans cesse dans la bouche de tout le monde.

Nous avons dit presque tous, parce que les termes d’arts et de