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REPRÉSENTATIF.

nieuse pour la nation, n’y croiraient pas eux-mêmes sérieusement. J’observe, en second lieu, que, si réellement telle était notre position, je n’y verrais que de deux remèdes l’un : ou bien se résigner à partir de la nation telle qu’elle serait pour l’amener par degrés insensibles à ce qu’on désirerait qu’elle devint : ou bien briser violemment sa volonté, en l’assujettissant à un joug de fer ; et, dans ce cas, je ne verrais rien de mieux que de rappeler le prisonnier de Ste-Hélène.

Je persiste donc à croire que la chambre élective ne saurait offrir une représentation trop fidèle des sentimens et opinions diverses qui partagent la nation ; cette condition, qui serait de rigueur dans une démocratie pure, où la chambre des représentans ferait seule les lois, ne peut avoir d’ailleurs un grave danger chez nous, où cette chambre n’a, en dernière analise, qu’un simple droit de veto.

Si j’étais partisan du système qui consiste à distingue dans la Charte des articles fondamentaux et des articles réglementaires ; je serais fort tenté de ranger, au nombre de ces derniers, les dispositions qui fixent la cote de contribution nécessaire pour être électeur ou éligible ; je penserais que, sur-tout à la suite d’une longue révolution, où il a été si facile aux gens peu scrupuleux de faire de très-gros gains, on pourrait peut-être trouver une garantie plus sure du discernement et de l’indépendance des uns et des lumières de la droiture des autres, que la somme qu’ils payent annuellement au fisc ; je penserais en un mot, qu’il est peut-être bien temps enfin que l’argent redescende à sa valeur, et que, honneur remonte à la sienne ; mais attendu que les argumens du Moniteur de cette année n’ont pu encore complètement détruire dans mon esprit l’impression qu’y avaient produite ceux du Moniteur de 1817 ; je veux, dans mon utopie, respecter en tous points tous les articles de la Charte, sans distinction, du moins ceux d’entre eux qui présentent un sens bien précis ; car pour ce qui concerne le nombre des membres de la chambre, je pense, avec beaucoup d’hommes d’état, que les dispositions de la Charte ne sont ni assez précises ni assez impératives