Aller au contenu

Page:Annales de mathématiques pures et appliquées, 1821-1822, Tome 12.djvu/353

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
345
DES SCIENCES.

Si l’on n’avait uniquement en vue que de choisir les signes les plus naturels, et de réduire les conventions au plus petit nombre possible, la manière la plus convenable d’écrire et de nommer les nombres serait sans doute la suivante : on choisirait un caractère d’écriture le plus aisé à former, le caractère par exemple, comme le symbole de l’unité ; on donnerait à ce caractère un nom très-court, le nom par exemple, que l’on conviendrait être le nom de l’unité ; et, lorsqu’on voudrait écrire ou nommer un nombre entier quelconque, on écrirait ou l’on prononcerait le caractère ou le mot représentant l’unité autant de fois qu’il y aurait d’unités dans le nombre proposé. C’est à ce système de numération que reviennent les tailles employées par beaucoup de gens en guise de compte ouvert vis-à-vis leurs boulangers, et c’est encore suivant ce système que nos horloges à sonnerie accusent les heures.

Mais, indépendamment de l’espace et du temps nécessaires pour écrire et énoncer dans ce système des nombres tant soit peu considérables, des nombres ainsi écrits et énoncés n’offriraient à l’esprit qu’une idée très-confuse de leur grandeur, tellement qu’il serait à peu près impossible de discerner l’un de l’autre deux nombres peu différens et tant soit peu considérables. Voila sans doute ce qui aura conduit à créer des caractères et des mots pour désigner, en particulier, chacun des premiers nombres de la suite naturelle, et à combiner ensuite ces caractères et ces mots entre eux de manière à former cet ingénieux système arithmétique que nous devons aux Arabes.

Mais les caractères de cette arithmétique n’ont été assujettis, quant à leur figure, à aucune méthode régulière, tellement que chacun d’eux ne remplit sa destination qu’en vertu d’une convention formelle, et que ces caractères sont des signes d’institution dans toute l’étendue de la signification de ce mot. Si cependant la base de notre arithmétique avait été plus petite, on aurait pu choisir les chiffres de manière à en faire des signes presque naturels ; il eût suffi pour cela de convenir que tout chiffre serait formé d’une