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DE LA LANGUE

barre verticale, traversée par autant de petites barres horizontales que ce chiffre aurait dû exprimer d’unités. Dans ce système, notre chiffre aurait été le zéro, puisqu’il ne se serait trouvé traversé par aucune barre horizontale. Des chiffres ainsi choisis se seraient fait en quelque sorte deviner d’eux-mêmes ; mais, dans notre arithmétique décimale, la multiplicité des barres aurait été une source de confusion.

Il se présentait aussi de choisir, pour représenter les petits nombres, les premières lettres de notre alphabet, prises dans leur ordre ; de cette sorte, l’étude des lettres et l’étude des chiffres n’auraient été qu’une seule et même étude. Il est pourtant heureux qu’on n’ait pas pris ce parti, qui n’aurait plus permis d’employer les lettres de la manière qu’on le fait en algèbre.

Quant aux noms des nombres, il aurait été assez difficile qu’ils ne fussent pas purement conventionnels ; mais on aurait pu les faire commencer successivement par les neuf premières lettres de l’alphabet, afin d’enchaîner l’ordre numéral à l’ordre alphabétique.

On a choisi des mots très-courts, et on a bien fait ; il eut seulement été à désirer qu’on substituât aux mots zéro et quatre des mots d’une syllabe comme les autres.

Les caractères une fois admis tels qu’ils sont, et la convention sur la valeur de situation des chiffres établie, notre numération écrite est tout-à-fait irréprochable ; mais il n’en est pas tout-à-fait de même de la numération parlée, et on ne voit pas sans quelque regret qu’on se soit plût, en quelque sorte, à en gâter l’uniformité.

1.o Puisqu’on dit dix-sept, dix-huit, dix-neuf, pourquoi ne dirait-on pas dix-un, dix-deux, dix trois, etc., au lieu de ces dénominations sauvages onze, douze, treize, etc., dont le sens a besoin d’être expliqué, tandis que celui des autres se présente de lui-même.

2.o On dit deux cens, trois cens, quatre cens, etc., deux mille ; trois mille, quatre mille, etc. ; pourquoi donc ne dirait-on pas également deux dix, trois dix, quatre dix, etc. ? Un enfant ne