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DE LA LANGUE

les deux premières, au contraire, on a laissé ces élémens sans dénominations propres ; et de là, en particulier, l’incommodité des circonlocutions de nombre dont on retranche et de nombre qu’on retranche, auxquelles il faut sans cesse recourir dans l’exposition des règles de la soustraction ; car les dénominations de plus grand et de plus petit nombre, outre qu’elles seraient impropres dans le cas où les deux nombres seraient égaux, deviendraient, pour l’algèbre, le germe d’une idée fausse ; et les dénominations de nombre d’en haut et de nombre d’en bas ou de nombre supérieur et de nombre inférieur, sans être plus courtes, seraient tout-à-fait ridicules.

Les géomètres de Genève ont admis le mot addendes comme dénomination commune des nombres sur lesquels on opère dans l’addition, et je l’accepterais volontiers comme l’analogue du mot facteurs dans la multiplication, si le mot parties n’était tout aussi court et plus français ; mais il n’en faudrait pas moins des dénominations pour désigner chacun de ces nombres en particulier. Les mêmes géomètres ont inventé, pour la soustraction, les mots substrahende et minuande ; mais il ne paraît pas que ces dénominations aient pris faveur ; c’est sans doute en partie à cause de la dureté de la première ; mais c’est peut-être aussi à raison de leur défaut d’analogie avec celles qui ont été adoptées pour la multiplication et la division ; c’est que leur terminaison commune en ande semblerait donner à croire que, dans la soustraction, il y a deux élémens passifs et point d’élémens actifs.

Puis donc que, dans la multiplication et dans la division, les noms des deux élémens se déduisent du nom même de l’opération en y changeant la terminaison ion en ande pour l’élément passif, et en eur pour l’élément actif, il se présentait assez naturellement d’employer les mots additande et additeur pour l’addition, et les mots soustractande et soustracteur pour la soustraction.

Mais, outre qu’il serait assez difficile d’étendre cette règle à la formation des puissances et à l’extraction des racines, dont le nom m’est qu’une périphrase, il est désirable, pour la plus grande per-