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MOUVEMENS

pas surprenant que nous ne nous apercevions pas du mouvement qu’entraîne, dans les divers objets qui frappent nos regards, sa rotation sur son axe.

Quoique nous ayons supposé le mouvement de rotation uniforme, il est aisé de voir que les choses en iraient encore de même s’il ne l’était pas ; on pourrait, en effet, partager le temps en une suite d’intervalles assez courts pour que durant chacun le mouvement pût être considéré comme uniforme ; le point à chaque instant, semblerait donc immobile ; d’où il suit qu’il paraîtrait constamment fixe, Nous avons supposé que l’axe de rotation était fixe ; mais, s’il était transporté d’une manière quelconque dans l’espace, il en irait encore de même, puisqu’à chaque instant les points décriraient dans l’espace des droites parallèles avec des vitesses égales, et que, comme nous l’avons vu au commencement de cet essai, un tel mouvement ne saurait produire aucun mouvement apparent dans par rapport à

Cela posé, soit un système de points en nombre quelconque, invariablement liés entre eux ; et supposons que ce système soit emporté dans l’espace d’un mouvement quelconque. Nous pourrons, à chaque instant, supposer que ce système tourne sur une axe variable, soit par rapport au système, soit par rapport aux points fixes de l’espace ; d’où il suit qu’à chaque instant aussi l’un quelconque des points de ce système se trouvera, par rapport à tous les autres, dans les mêmes circonstances où se trouvait tout-à-l’heure le point par rapport au point c’est-à-dire que ce point jugera tous les autres immobiles. Ainsi, il est absolument impossible de s’apercevoir du mouvement des divers points d’un système de forme invariable dont on fait soi-même partie[1].

  1. Au lieu de supposer, dans tout ce qu’on vient de lire, que le point se croit immobile, on aurait pu supposer, plus généralement, qu’il se croit animé d’un mouvement d’une espèce déterminée, différent de celui qu’il a