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SUR LES ÉPROUVETTES.

En effet, la quantité de mouvement que reçoit le boulet ne dépend guère, du moins dans les pièces de peu de longueur, que de ce qui se passe dans les premiers instans de l’inflammation ; celle que reçoit le canon dépend, au contraire, des circonstances de la durée totale de l’explosion. Or, il est aisé, d’après cela, d’imaginer deux lois de développement des gaz dont l’une soit telle que le boulet n’obtienne qu’une très-petite quantité de mouvement, pendant que le canon en recevra une très-grande, tandis que, suivant l’autre, le boulet acquerra une grande vitesse, tandis que la quantité de mouvement du canon, quoique toujours supérieure à celle du boulet, soit cependant bien moindre que dans l’autre cas.

Ainsi, en général, les poudres qui donnent les plus grands reculs différent de nature de celles qui donnent les plus grandes portées.

Au reste, ce n’est pas toujours la même poudre qui donne la plus grande portée ou le plus grand recul.

En effet, c’est un fait bien reconnu que la loi de l’inflammation varie, en général, non seulement avec l’espèce de poudre, mais encore avec la masse sur laquelle on opère. On conçoit donc que la poudre qui, sous une charge donnée, produit la plus grande portée ou le plus grand recul, peut fort bien ne pas conserver cet avantage, lorsque le poids de la charge viendra à varier.

Les obstacles que les gaz rencontrent, en cherchant à se dégager, influent aussi singulièrement sur la manière dont ils se forment et le degré d’élasticité qu’ils acquièrent. Le projectile s’oppose d’autant plus à leur développement que l’angle sous lequel on tire est plus considérable. Ainsi, la poudre qui donne la plus grande portée peut, toutes choses égales d’ailleurs, varier avec l’angle de projection.

La grandeur du vent, la position de la lumière, le degré d’échauffement de la pièce, etc., sont encore autant de circonstances qui influent sur la loi de développement des gaz.