Page:Annales de mathématiques pures et appliquées, 1823-1824, Tome 14.djvu/12

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avancée, parallèlement à elle-même, paraîtra en même temps avoir glissé dans le sens de sa longueur et du côté du spectateur.

Si l’on considère maintenant que le diamètre du soleil et celui de la lune, vus de la terre, soutendent dans le ciel des arcs de grands cercles qui ne s’écartent jamais guère d’un demi-degré, et que le plus voisin de ces deux astres est éloigné de nous de plus de 80000 lieues, on sera fondé à conclure de ce qui précède que l’interposition d’un verre plan bien transparent à faces parallèles, d’une dixaine de lieues d’épaisseur, entre ces astres et nous, ne changerait sensiblement rien à leur aspect ; puisqu’elle ne produirait d’autre effet que de les rapprocher de notre œil d’une quantité moindre que dix lieues, c’est-à-dire, d’une quantité qu’on peut négliger vis-à-vis l’excessive distance où nous sommes de ces astres.

Le but principal de M. J. Mile, dans la lettre à laquelle ceci se rattache, est de prouver qu’il y a quelque chose de plus qu’une simple illusion dans l’extrême grandeur que nous attribuons au soleil et à la lune, à l’époque de leur lever et de leur coucher, et de mettre à profit la remarque, très-curieuse d’ailleurs, qu’il a faite sur l’effet des verres plans ou sphériques à surfaces parallèles, pour tenter d’expliquer comment l’interposition de l’atmosphère entre nous et ces astres peut occasioner un accroissement réel dans l’angle sous lequel nous les voyons, lorsqu’ils sont fort près de l’horizon.

Mais d’abord la discussion dans laquelle nous venons d’entrer ci-dessus paraît ruiner complètement toutes les inductions qu’on voudrait tirer des remarques de M. J. Mile. En second lieu, M. J. Mile ignore-t-il que l’effet de l’interposition de l’atmosphère sur l’aspect du ciel est aujourd’hui connu à la précision des secondes ; que cet effet est journellement employé sur tous les points de l’Europe par les astronomes comme correction des observations, et qu’à moins de s’inscrire en faux contre les élémens du système solaire, tous déduits d’observations ainsi corrigées, il faut admettre que les astres sont vus à l’horizon sous un angle plus petit que celui sous lequel ils nous apparaissent lorsqu’ils se trouvent souvent plus voisins du zénith ;