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ZEND-AVESTA  : YASNA 9. — HÔM-YASHT 1

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seurs 54[2], des aveugles et des sourds des bandits 55[3] bipèdes 56[4], des Ashemaoghas bipèdes 57[5] des loups quadrupèdes ; de la horde au large front de bataille 58[6], aux incursions perfides 59[7].
  1. des pratiques ahrimaniennes ; cf. page 76, note 8. Pairika, l’origine de la Péri moderne, la fée belle et dangereuse, semble toujours désigner une créature surnaturelle (cf. Vd. I, 10, 36 ; Y. XVI, 8 [XVII, 46] ; Yt. VIII, 8, 39, 50). Le correspondant féminin de yàtu est la Jahika (v. plus bas, § 32, 101).
  2. 54. sàthràm : P. sâstârân, N. anydtjânâm ; dans les traductions persanes, zàlim ; désigne généralement le pouvoir impie, le gouvernement anti-zoroastrien.
  3. 55. kaoyâm karafnàmca, P. ktkàn karpân, N. adarçakânâm, açrotrînâmca, « les kavis et les karapans, ceux qui sont aveugles et sourds dans les choses de Dieu », c’est-à-dire qui ne voient pas la vérité du Zoroastrisme, qui n’entendent pas sa parole. Sourd et aveugle sont devenus des termes de théologie courante et paraissent dans l’édit de Yazdgard V, promulgant le Mazdéisme en Arménie comme religion d’Etat (vers l’an 450) : « Vous saurez que tout homme qui habite sous le ciel, qui ne suit pas la loi mazdéenne, est sourd, aveugle, trompé par les Dévs d’Ahriman » (Elisée, Soulèvement national de l’Arménie chrétienne, tr. Garabed, p. *26).
  4. 56. mairya, P. mar, N. nriçàsa ; généralement traduit en persan par râhzan « voleur de grand chemin ».
  5. 57. Ashemaogha, Ashmôgh et Aharmôk, généralement traduit « hérétique », désigne le Mazdéen dans l’erreur. Une glose, malheureusement très corrompue, de l’Ormazd Yasht pehlvi, nous apprend qu’il y a trois sortes d’Yshmôgh : « celui qui trompe (frîftâr), celui qui est trompé (friftak) et celui qui se complaît en lui-même (khôt dôshak). Le frîftâr est celui qui égare sciemment les autres ; et celui qui ainsi fait passer pour mérite un acte coupable, ne fùt-il que de trois srôshcaranâm (le péché le plus léger, celui qui est puni de trois coups de fouet), ou réciproquement, est de son vivant margarzân (digne de mort) et après sa mort darvand (damné) : on ne doit pas manger ni converser avec lui et le Patet (la confession de repentir) ne peut rien pour lui ». Le friftak est sans doute la victime du frîftâr, c’est celui qui suit le frîftâr, tout en ayant « pensées pures et intentions de bonnes œuvres » (cf. note 91) : le Patet le sauve et pour lui s’applique le principe spayèiti (v. Vd. III, 41 sq.). Le khôt dôshak est sans doute celui qui suit ses idées personnelles au lieu de suivre l’enseignement du Dastûr : il semble traité comme le frîftâr, l’indépendance religieuse de l’Asraosha étant comptée parmi les pires péchés : cf. Minokhard, XLII, 10 (Yt. I, 10, dans G. Salemann, Ueber eine Parsenhandschrift, corrigé ici d’après ; même glose, mais incomplète, en sanscrit, dans les Etudes iraniennes, II, 258).
  6. 58. haênayàosca perethn-ainikayâo : hên-ic î frâkh-ânîk, aighashân marak kabad « la horde au large front, c’est-à-dire innombrable » (cf. Bahman Yasht, III, 71. haèna, le sscp, senà « armée », désigne en Iran l’armée d’invasion. Darius, à Persépolis, prie Auramazda de défendre le pays conte la haina (hacâ hainâyâ ; H, 16) : haina désigne sans doute ici déjà les hordes nomades du Touran et autres, car dans l’horizon politique de Darius on ne voit pas d’Etat organisé dont il eût à redouter les invasions.
  7. 59. Littéralement « qui trompe et qui fond » ; P. et N. : « qui fond avec perfidie ».