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ZEND-AVESTA, — INTRODUCTION, III : LE CULTE


à l’amitié du prêtre de l’Âgyârî, le Mobed Jivanji Modi, et qui donnera une idée du plan de tout temple du feu.
Les organes essentiels d’un temple du feu sont au nombre de deux :
1o La chambre du feu sacré ou Âdaràn ;
2o La chambre où se célèbrent les cérémonies sacrées ou Izishn Gàh.


1o La chambre du feu est bâtie en forme de dôme, rappelant le dôme du ciel[1]. Le feu sacré est placé sur un vase appelé âtash-dân « vase du feu », ou âfargâni[2], et placé sur une plate-forme de pierre dite pierre âdòscht[3]. L’àdôsht est aussi considéré comme le trône du feu, le feu sacré étant le roi protecteur du monde spirituel ; ainsi, les cérémonies d’établissement d’un feu sacré sont dites takht nishin karvū تخت نشين کردن ou intronisation ; au-dessus du feu, suspendu au dôme, est un vaisseau de métal, qui est sa couronne, tâj (pl. II et III). Près du vase est une estrade métallique, khàn, qui porte les pièces de bois de santal destinées au feu. Cinq fois par jour, au commencement de chacun des cinq Gâhs, un Mobed entre dans la chambre ; il a la partie inférieure du visage couverte d’un voile ou padân (paitidâna) qui empêche son haleine de souiller le feu sacré[4] et les mains couvertes de gants. Si le feu est un Âtash Bahrâm, il doit avoir pris le grand Khôb (ch. iv). Il lave la pierre Âdòsht, dépose sur le feu, selon le cas, une pièce de bois de santal ou une maci, récite l’Àtash Nyâyish et, en prononçant les mots dushmata, duzhukhta, duzivarshta dans la prière pazende initiale, il sonne à trois reprises pour chaque mot avec la sonnette suspendue au mur, afin de repousser « les mauvaises pensées, les mauvaises paroles, les mauvaises actions », et aussi sans doute afin d’annoncer aux fidèles de la rue que le Gâh vient de changer et qu’il y a lieu de réciter les prières correspondantes. Toute cette cérémonie est appelée bôi dêvi ( بوی دادن) « la mise de parfums ».
  1. Comme au fameux temple sassanide de Shîz-Ganzak, détruit par Héraclius. Sur les temples du feu dans la période achéménide et sassanide, voir l’Introduction au second volume.
  2. Parce qu’il a la forme des âtash-dân qui servent dans le service des Âfrîngàn.
  3. âdòsht, pehlvi âtìshto (Dâdistàn, XLVIII, 15) ; probablement formé de *àtar-sta « où se tient le feu ».
  4. Voir Vendidad, XIV, 8, texte et commentaire ; et les pl. IV, V, VI de ce volume.