Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/101

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rareté des ouvertures ; les plus vastes n’ont pas plus de trois ou quatre fenêtres à chaque étage, à peine le strict nécessaire pour donner de l’air et du jour, afin, disent les habitants, de se mieux défendre du froid et du vent. Le verre à vitre étant inconnu dans ces régions, les fenêtres sont fermées seulement par des volets de bois à l’extérieur et par des rideaux d’étoffe à l’intérieur, quelquefois aussi on les garnit de châssis de fort papier huilé qui laissent filtrer quelques rayons d’une lumière douteuse.

Les chambres, ordinairement assez spacieuses , sont quelquefois planchéiées et le plus souvent carrelées avec des dalles de pierre. Elles n’ont point de cheminées. Le feu s’allume au milieu de la pièce sur une large dalle et la fumée, n’ayant d’autre issue que les fenêtres, recouvre bientôt les murs d’une épaisse couche noire de suie. Les pièces situées à l’étage supérieur ont au-dessus de ce foyer primitif une ouverture pratiquée dans le toit, s’ouvrant et se fermant à volonté au moyen d’une trappe, pour permettre à la fumée de s’échapper. À Lhasa, ce foyer est remplacé par un vase de terre ou de métal dans lequel on fait brûler du fumier séché, seul chauffage de la grande masse de la population. Dans les villes, les cuisines sont ordinairement pourvues d’un fourneau en maçonnerie.

Rien de plus simple et de plus rudimentaire que le mobilier tibétain. Point de sièges : on s’asseoit par terre, à même le sol, sur des nattes, des tapis et des coussins, dont on empile plusieurs s’il s’agit de préparer une place d’honneur pour quelque personnage important. En fait de lit, le Tibétain — qui, été comme hiver, se couche tout habillé — n’a qu’un matelas, composé de deux coussins d’égale dimension réunis par une toile de façon à pouvoir se replier pendant le jour et servir de siège, sur lequel on jette quelques fourrures tenant lieu de draps et de couvertures. Quelques coffres pour serrer les provisions, les vêtements et les objets précieux, quelques rayonnages et