Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/102

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étagères supportant des images de Bouddhas, quelques peintures représentant les principales divinités ou des scènes religieuses, complètent l’ameublement d’un intérieur tibétain.

Pour s’éclairer, on se sert de lampes de terre ou de métal garnies, en place d’huile, de beurre ou de graisse, et quelquefois de lanternes à vitres de corne. Ces lampes ont souvent la forme d’un soulier recourbé du bout, en mémoire, dit-on, de la chaussure que portait la sainte princesse chinoise Lha-chis-dgong-mtch’og[1], épouse du roi Srong-stan-gam-po[2], qui avait pris à sa charge l’entretien des lampes du sanctuaire de Lhasai-mtchhod-khang[3].

Alimentation. — « Ils vivent de chace et de venoison et de bestail et de fruit que ils traient de la terre », dit Marco Polo des Tibétains de son temps[4], et ces lignes écrites à la fin du XIIIe siècle peuvent encore s’appliquer à ceux d’aujourd’hui, sauf en ce qui concerne le gibier dont, malgré son extrême abondance, l’usage alimentaire est, maintenant, non seulement dédaigné, mais même considéré comme impur et criminel. Ce ne sont que les individus des plus basses classes de la population, trop misérables ou trop paresseux pour gagner leur vie par une occupation honnête, et trop orgueilleux pour exercer la profession de mendiant, qui se livrent à la chasse et se nourrissent de la chair des animaux sauvages, au mépris des saintes malédictions des lamas[5] ; car cette défaveur d’un aliment, qui pourrait constituer une ressource précieuse dans un pays pauvre, est le résultat des doctrines et des superstitions bouddhiques.

  1. En chinois Wen-tchhing-koung-tchou ; on l’appelle aussi sgRolma ou Dolma.
  2. Klaproth, Description du Tubet, Nouveau journal asiatique, t. VI, p. 168.
  3. Ou bLa-brang, à environ 8 kilomètres au sud-est de Lhasa.
  4. G. Pauthier, Le Livre de Marco Polo, t. II, p. 375.
  5. Huc, Voyage dans la Tartarie et le Thibet, t. II, p. 166.