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Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 22-23.djvu/1015

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LA THÉOSOPHIE BRAHMANIQUE

ce point. La Maitrāyaṇīya-upaniṣad déclare qu’on acquiert au bout de six mois la parfaite puissance yogique (6, 28). D’après l’Amṛtabindu-upanisad, celui qui s’est exactement conformé aux prescriptions de l’école, obtient après trois mois d’exercices le savoir ; après quatre, il contemple les dieux ; après cinq, il est aussi puissant que les dieux ; après six, le kaivailya sera son lot dès qu’il le voudra.

VIII. Les yogins actuels.

Les textes ne font connaître qu’incomplètement les multiples phénomènes religieux que l’on comprend sous le nom de yoga. Les personnages, en général très vénérés, mais quelquefois très peu dignes de l’être, que les voyageurs nous décrivent sous le nom de yogins, — ou, comme on prononce aujourd’hui, de djoghis. — s’écartent par bien des traits de la physionomie que nous venons de retracer à l’aide des Upaniṣad, des Sūtra et de quelques livres plus récents. Or si nous avons le droit, exposant les doctrines du Védanta, de faire abstraction des Védantins actuels, puisqu’enfin il s’agit de l’histoire d’une pensée que seuls les textes authentiques peuvent nous aider à reconstituer, il n’en est pas de même du yoga, qui n’est pas seulement un enseignement doctrinal, mais aussi et surtout une manière de vivre. Nous ne pouvons donc nous dispenser de tenir compte des yogins actuels si nous voulons savoir ce que l’homme peut devenir sous l’influence de cette discipline.

L’Inde compte actuellement des yogins de toute caste et de toute secte ; tous les systèmes de philosophie sont sans doute représentés parmi eux. Comme on sait, le faquir, qui en règle générale est musulman, se distingue assez difficilement du yogin, qui, le plus souvent, est sivaïte. Mais les ressemblances extérieures recouvrent de profondes différences : il y a yogins et yogins.

Nous écartons tout de suite les charlatans qui spéculent sur la crédulité de leurs compatriotes et acquièrent à peu