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Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 22-23.djvu/976

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HISTOIRE DES IDÉES THÉOSOPHIQUES DANS L’INDE

Le Yoga ne se propose pas démoraliser ses adhérents ; il veut les élever dans une sphère où il n’y a plus ni bien ni mal. Yama et niyama, comme les anga qui suivent, ont pour but de procurer au sujet la tranquillité morale et psychique qui est indispensable à l’heureux épanouissement du yoga[1].

Les cinq interdictions sont, d’après Patañjali, « ne pas tuer, ne pas mentir, ne pas voler, ne pas avoir de commerce avec une femme, ne pas accepter de présents[2] » (Y. S. II, 30) ; les cinq injonctions : « la purification, le contentement, la mortification, la récitation de textes sacrés, la résignation au Seigneur » (Y. S. II, 32)[3]. On trouve la même liste dans le Sarvadarśanasangraha avec cette remarque empruntée au Viṣṇu-purāṇa que « observées dans l’espoir d’une récompense, les prohibitions et les obligations procurent des fruits excellents, et que, dans le cas contraire, elles assurent le salut ».

C. Troisième anga : les postures (āsana).

Les circonstances extérieures peuvent beaucoup pour faciliter ou pour gêner la pratique de la méditation. Aussi les traités ont-ils multiplié les règles relatives au lieu où le yogin doit se placer, à l’attitude qu’il doit prendre, au régime qu’il doit suivre.

Au début, on se contentait encore de recommandations

  1. La même préoccupation d’assurer à l’ascète une complète ataraxie morale et physique, s’exprime dans ce vers de l’Amṛtabindu-Up. : « Que le yogin se tienne toujours en garde contre la crainte, la colère, la paresse, l’excès de veille et de sommeil, l’excès de nourriture et de jeûne » (v. 27).
  2. Même en cas de détresse.
  3. Nous avons déjà rencontré les trois derniers niyama à propos du kriyâ-yoga. D’après Y. S. II, 44, l’étude des textes sacrés a pour effet d’assurer au yogin la communion avec la divinité de son choix (iṣṭa-devatā). Quant au « contentement », c’est la satisfaction qu’éprouve le sujet pour tout ce qui lui arrive de soi-même, sans qu’il y mette du sien. La « purification » peut être extérieure (ablutions avec l’eau ou la terre, comme dans l’islamisme), ou intérieure.