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VOYAGE AU YÛN-NÂN

ici ; quant au préjudice qu’il fait subir à l’entreprise en retardant la livraison des armes dont les autorités du Yûn-nân ont le plus grand besoin et ajournant le transport des métaux, il n’appartient qu’aux autorités de cette province d’en fixer le chiffre, mais il sera lourd.

Les mandarins répandent, depuis quelque temps, le bruit que nos navires tiennent cachés dans leur flanc de nombreux soldats et que quelques-uns seulement montent siu’ le pont ; il y a aussi dans ces bateaux des machines infernales que nous ne montrons pas, mais dont nous allons nous servir pour incendier la viUe et exterminer les habitants. Gela dans le but de faire évacuer la ville pour faire le vide autour de nous. D’un autre côté, les mandarins sont persuadés que nous ne sommes qu’une avant-garde de Saïgoh et que nous venons conquérir le Tong-kin.

L’intervention du Bourayne les entretient dans cette idée.

L’homme à la plaque et tous les Annamites qui viennent à bord cherchent bien à glisser leurs regards dans la machine et dans les panneaux ; mais comme il y a toujours des personnes occupées à travailler dans la machine ot que du dehors on ne distingue pas très bien, ils aperçoivent des choses impossibles, bien entendu.

Cependant la panique que les habitants d’Hâ-noï ont éprouvée à notre arrivée se calme un peu ; quelques-uns reviennent.

Les mandarins sont bien désireux de voir nos navires ; aussi, voulant leur en donner l’occasion sans avoir l’air de satisfaire leur curiosité, j’invite à une collation à bord les trois hauts fonctionnaires de la ville.

Mgr Puginier nous quitte aujourd’hui à 3 heures du soir pour retourner dans sa mission. Je fais cadeau à M. Dumoulin de deux longues-vues, avec le dictionnaire du P. Legrand et quelques menus objets pour ses chrétiens.

4 janvier. — À midi sonnant, nos mandarins arrivent ; chaque navire les salue de trois coups de canon. Nous avons plus de visiteurs que nous n’en souhaitons : il y a le trésorier, le général, le secrétaire du vice-roi (lui-même ne vient pas, prétextant être malade) , et deux autres mandarins avec une suite nombreuse. Nous les faisons assister à un branle-bas de combat pour leur faire voir la puissance de nos canons et de nos fusils ; puis nous leur montrons en détail nos machines afin qu’ils puissent bien se convaincre qu’il n’y a là rien