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CHEZ LES HÉBREUX ET DANS L’ANCIENNE ÉGYPTE

On sait que d’après la doctrine sacrée, certaines phases de la vie d’outre tombe n’étaient qu’une reproduction de la vie sur la terre jusque dans ses moindres détails. Aussi les défunts n’abandonnaient-ils pas l’usage des bâtons de main. Les scènes funéraires représentent en effet le mort revivifié cheminant, son bâton à la main, sur les routes du double ciel. On trouve dans les textes mythologiques de nombreuses allusions à cet usage ; ils expliquent notamment que le défunt se taille le bâton qui doit soutenir ses pas^^1. Ayant ce bâton à la main, il se tient debout sur ses pieds^^2 et, à l’aide de cet appui, il traverse l’océan céleste^^3.

Ce bâton mystique du défunt a pu avoir pour type le bâton d’Horus, qui a joué un certain rôle dans l’histoire mythologique. Au moyen de ce bâton, Horus avait scellé la bouche de Set, son adversaire^^4. Dans une autre occasion, le même bâton avait répandu de la lumière^^5. Horus s’en était tnaivc privé dans une circonstance grave qu’un papyrus expose en ces termes : « Horus quitte le pays ; il s’éloigne de l’Egypte. Le ciel était orageux, la terre obscure ; personne ne l’accompagnait. Sa mère Isis l’avait envoyé, et il n’avait pas à la main de bâton sur lequel il pût s’appuyer ; il n’avait pas au cou son talisman de l’Œil sacré (L’Oudja) qui lui eût servi de protection. Il marche et tombe sur la terre…^^6. »

L’emploi du bâton dans les opérations magiques ne nous a été révélé par aucun texte jusqu’a présent ; aussi l’histoire des magiciens de Pharaon transformant leurs bâtons en serpents ne peut trouver son corollaire dans les hiéroglyphes.

Cependant l’acte d’Horus abaissant son bâton et scellant ainsi la bouche de son ennemi, a dû être imité par les incantateurs égyptiens qui conjuraient les maladies et les périls par l’évocation des traditions de la guerre typhonienne.

Chez les Egyptiens, comme chez les Hébreux, le mot bâton avait pris un sens métaphorique. Un haut fonctionnaire sacerdotal se vante d’être le bâton du roi dans les temples^^7.

1 Todtenli., di. i : xxx, 10.

2 Ihid. cil. i.xv, ?.

3 Ibid. ch. cxx, 1’.i.

4 Naville : Mylh, — d’Oi-its, pi. xv, 7.

5 Idem pi. X.X11I, (i4.

6 Papyrus Boulaq. VI. paye 5, lignes 7 et suivaiiles.

7 Stele de Pisherenptah ; Prisse : Monuments égyptiens, pl. xxvi, 4.