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SUR L’USAGE DES BÂTONS DE MAIN

Les bâtons qui servaient de sceptres aux rois et aux grands personnages étaient le plus souvent travaillés avec art et richement ornés ; les textes citent dos bâtons d’or^^1, analogues sans doute au sceptre d’Assuérus ; d’autres avaient le pommeau marqueté d’or^^2. Le grand aounnou de Thotmès III semble n’avoir été qu’une branche flexible de bois rare.

Une maxime de l’antique sagesse égyptienne exprime, à propos du sceptre de la puissance, une idée très philosophique : « Le morceau de bois brisé tombé dans le champ et qu’ont frappé le soleil et l’ombre, l’artiste le recueille, le dresse et en fait le sceptre des grands^^3. »

Je n’ai pas fait ressortir en détail toutes les affinités qui existaient entre les idées égyptiennes et celles des Hébreux dans la plupart des usages des bâtons de main. Ces analogies sont frappantes.

Je puis en signaler encore une qui est fort singulière et qui se rapporte à la formalité de la prestation des serments. Un document judiciaire, daté de la grande époque pharaonique, décrit le serment prêté devant les magistrats instructeurs par un ouvrier prévenu de vols dans les hypogées ; avant de faire sa déclaration, cet ouvrier prononça un par la vie du pharaon, en se frappant le nez et les oreilles et se plaçant sur la tête du bâton. Il manifestait ainsi qu’il connaissait la rigueur de le loi pénale, ordonnant, dans certains cas, l’ablation du nez et des oreilles ; il montrait aussi, en se penchant sur le bâton du juge, qu’il reconnaissait l’autorité et le droit de frapper représentés par cet insigne^^4.

On peut comparer ce dernier détail à une particularité du serment fait par Joseph à son père Jacob. Le patriarche avait demandé à sou fils de lui jurer qu’il ne l’enterrerait pas en Egypte. Joseph prêta, à la manière des Hébreux, le serment qui lui était demandé, c’est-à-dire, pour en prononcer la formule, il plaça sa main sous la cuisse de son père. Ensuite, et sans doute en témoignage de sa reconnaissance de l’autorité du plus grand fonctionnaire de l’Egypte, le patriarche s’inclina sur la tête du bâton^^5.

1 Leemans : Musée de Leyde, III, k, 24.

2 Papyrus Anastasie IV, pl. 17, 3. En égyptien, la pomme est nommée la main du bâton.

3 Papyrus Boulaq IV, page xxiii, 13.

4 Voir Chabas : Mélanges égyptol., série III, tome I, page 80.

5 Genèse, ch. xlvii, v. 29 à 31. Les Septante ont bien traduit ce détail ; la Vulgate rend mitah par lit ; et les points-voyelles, bien plus récents que la version des Septante, ont été appliqués conformé-