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LALITA VISTARA. — CHAPITRE III.

avec pompe la fête de la naissance en demandant quel nom donner à cette enfant.

Les conseillers dirent : Les habitants de Dêvadâha rassemblés dans les grandes rues, les marchés, les places et les carrefours ont dit avec respect : Pour celle enfant, si son corps est si beau et d’une couleur si parfaite, c’est par l’effet delà maturité complète d’une action antérieure. D’autres ont dit : Ce n’est pas une enfant, c’est plutôt une illusion produite par l’effet d’œuvres diverses. C’est pourquoi le nom de Mâyâ (illusion) est celui qu’il faut lui donner.

La jeune Mâyâ fut confiée à huit nourrices, suivant l’usage. Quand elle fut grande, les devins firent cette prédiction : S’il lui naît un fils doué d’un grand nombre de qualités accomplies, il sera, à cause de sa force, un roi Tchakravartin.

Souprabôdha s’étant de nouveau livré au plaisir et à la volupté, une fille naquit, ayant un beau corps, charmant la vue et douée de la plus belle couleur. Quand elle fut née, toutes les parties de la ville furent remplies d’une grande clarté. De même que pour Mâyâ, on ne pouvait s’expliquer toutes les perfections de sa beauté. On célébra avec pompe la fêle de sa naissance en se demandant quel nom donner à la jeune fille.

Les conseillers dirent : Le corps de cette enfant étant encore bien plus beau que celui de Mâyâ, il faut l’appeler Mahâmâyâ (grande illusion). Elle aussi ayant été élevée et étant devenue grande, les devins firent sur elle cette prédiction : Un fils doué des trente-deux signes du grand homme étant né d’elle, il sera un roi Tchakravartin.

Le roi Souprabôdha envoya un messager au roi Siñhahanou pour lui dire : Il m’est né deux filles, Màyâ et Mahâmâyâ. À l’une il a été prédit qu’elle donnerait le jour à un fils doué de tous les signes excellents et que, à cause de sa force, il serait un roi Tchakravartin. À l’autre, qu’elle donnerait le jour à un fils doué des trente-deux signes du grand homme et qu’il serait (aussi) un roi Tchakravartin. De ces deux filles, choisissez celle que vous voudrez pour être la femme du roi Çouddhôdana.

Sinhahanou répondit par ce message : Toutes les deux conviennent au jeune homme, mais comme on ne reconnaît pas à un seul le droit d’avoir deux femmes égales, celle à laquelle on a prédit qu’elle donnerait le jour