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ANNALES DU MUSÉE GUIMET
On serait porté à attendre, par analogie, que hañkârayêmi doive également s’appliquer à un acte déterminé du sacrifice, et qui serait l’acte final ; mais on voit par d’autres passages que hañkâray signifie « faire complètement, accomplir », par opposition à un acte imparfait et mutilé (cf. Y. 71, 18 [70, 79-80]) : c’est dans ce sens que traduit Nériosengh : sampûrnam karomi « j’accomplis, je parfais » et plus explicitement encore Frâmjî : ijishne avalthine âkharlage sampuran karū « j’accomplis le sacrifice du commencement à la fin ». Par suite, en prenant pour exemple le premier des dieux invités, la formule signifiera : « J’invite [Ahura Mazda à ce sacrifice] et j’exécute d’un bout à l’autre [ce sacrifice] pour Ahura Mazda. » Les nécessités de la concision et de la syntaxe nous forcent d’employer une traduction un peu moins précise ; « J’annonce et j’offre [ce sacrifice] à Ahura Mazda. »


L’énumération des divinités invoquées comprend la plus grande partie du panthéon mazdéen. Elle suit un ordre assez systématique. Elle commence par le dieu suprême et le groupe des Amesha-Speñtas. Suivent presque immédiatement les groupes de génies qui président aux diverses divisions du temps : génies des cinq parties du jour (§§ 3-7), génies des mois et des trois divisions du mois (§ 8), génies des six fêtes de saison (§ 9). Viennent ensuite les génies des astres ; puis un certain nombre d’abstractions religieuses divinisées, et les diverses parties du monde en partant du lieu où se trouve le sacrifiant.


La plupart des divinités reçoivent le titre de ashavan, ashahê ratu, que nous convenons de traduire « saint, maître de sainteté ». Ce mot de ratu, que plus d’une fois nous nous contenterons de reproduire sans le traduire, est un des termes les plus importants de la langue religieuse. Il signifie proprement maître, au sens de maître spirituel, et s’oppose à ahu, le maître matériel ; c’est celui qui donne la règle. Il a trois emplois différents :
1o Il s’applique à des dieux, comme étant la source de la règle, et c’est le cas dans notre chapitre.
2o Il s’applique au prêtre, considéré comme directeur de conscience,