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ANNALES DU MUSÉE GUIMET


ce point (Y. XIV, I ; XIX, 50) des renseignements qui malheureusement ne pourraient que nous induire en erreur. Pour lui, le terme le plus haut de la série, la dahyu, n’est qu’un village (grâma) et vîs et zañtu sont les minces intermédiaires qui peuvent se trouver entre la maison et le village. Il définit les quatre termes d’après le nombre de couples ou de ménages qu’ils représentent : nmânem est la maison qui contient sept couples 9[1] ; la vîs en contient quinze ; le zañtu en contient trente ; la dahyu en contient cinquante. Le village aurait été l’horizon politique le plus lointain qu’atteignît l’œil des créateurs du Zoroastrisme. Nériosengh, ou plutôt le commentateur qu’il reproduit, a certainement été la victime d’une illusion qui vient de ce que le mot dahyu a subi, de la langue ancienne à la nouvelle, une déchéance profonde et est devenu le nom du village, deh. Dans l’Avesta il a certainement un sens plus large, et c’est le même probablement qu’il a en vieux perse. Dans les inscriptions achéménides, en effet, dahyu est le nom donné aux grandes provinces, on peut dire aux royaumes, dont la réunion formait l’empire du Roi des Rois. La Perse, la Médie, la Susiane, l’Assyrie, etc., toutes les satrapies sont des dahyus. Si le mot a la même force en zend, le dahyupaiti « le chef de dahyu », sera soit un satrape, soit un roi, selon qu’il y a ou non un pouvoir centralisé, selon que le Roi des Rois est un souverain à la façon des Achéménides ou à la façon des Arsacides. Or, quand on voit Mithra invoqué dans le carnage par les dainhupaitis luttant les uns contre les autres ou contre les hordes envahissantes (Yt. X, 8) ; ou le dainhupaiti Aurvasâra en guerre contre le roi des Aryens Husravah (Yt. XV, 3 1) ; ou Ahriman, pour tenter Zoroastre, lui promettant le bonheur de Vadhaghna, le dainhupaiti (Vd. XIX, 6, 23) ; ou Mithra nommé le dainhupaiti universel et l’institution du dahyupat rapportée à Hoshang qui fut le premier roi et qui régna sur toute la terre (voir p. 14, note 43), il devient clair que les ambitions et les grandeurs du dainhupaiti ancien ne sont pas celles d’un maire de village et que la dahyu est dans l’Avesta, comme dans
  1. 9. Sapta-nara nànyugmam et non paçu-nara… ; c’est la lecture du Yasna sanscrit du fonds Burnouf, no 1, dans les deux passages : on attend d’ailleurs un nom de nombre. — Les couples supposent sans doute un ménage ; autrement on aurait compté par têtes. Dans le régime patriarcal la maison peut compter aisément sept couples mariés, ce qui peut en Orient donner une cinquantaine de têtes.