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ZEND-AVESTA : YASNA 1. — APPENDICE B


les inscriptions perses, une vaste unité, un pays au sens large du mot 10[1]. Si l’on se reporte à la hiérarchie sassanide, qui très vraisemblablement reproduit en gros la division ancienne, on trouve l’empire divisé en grandes provinces répondant aux anciennes satrapies, et administrées par des satrapes nommés marzbân « qui garde le marz ». Le nom de ces provinces, dont nous ne connaissons que l’équivalent arabe, balad « pays », était sans doute marz. Nous avons donc dahyu balad (marz ? ) et daṅhupaiti marzbân. Passons au zañtu.
Le balad (ou marz) était divisé en arrondissements ou districts, appelés en arabe kûra (χώρα), en persan shehr, le mot qui en persan moderne a pris le sens de ville, mais qui anciennement désignait toute une région. Or, dans les Gâthas, le mot zañtu est remplacé par le mot shôithra (v. Yasna XXXI, 16, texte et notes), qui est précisément l’original du persan shehr 11[2]. Nous pouvons donc poser : zañtu-shôithra kûra, shehr ; zañtu-paiti shahrîg 12[3].
La kûra était subdivisée en cantons, dont le nom semble avoir varié suivant les provinces, rûstâk, tasûg ou astân 13[4], mais qui, en tout cas, se présentent naturellement pour répondre à nos vîs. Le mot vîs qui, par l’étymologie, répond aussi bien en grec οίκοζ, maison, qu’au latin vicus, réunit les deux emplois, car on le trouve employé au sens de maison ; mais dans la nomenclature technique, il répond soit au vicus, soit à un élément en-
  1. 10. Le sens élastique du français pays donne une idée de la façon dont la dahyu a pu se rétrécir comme elle l’a fait.
  2. 11. Shehr ne vient point de khshathra qui signifie pouvoir, royauté, et ne désigne point un lieu.
  3. 12. Ya’qùbî, cité dans Noeldeke, Tabari, 446. Peut-être les hauts fonctionnaires nommés shatardâr dans l’inscription de Sapor à Hàjîàbàd sont-ils des skahrig, des shὸithrapaiti ; cependant, comme ils sont cités avec les barbìtâ, les vazark et les àzât qui sont des degrés différents de noblesse, il est possible qu’ici sk-t-r représente Kshathra et que les shatardâr soient les « gens en autorité ». — Le vieux nom de Zantupaiti est peut-être resté dans le Zindkapet des historiens arméniens (Patkanian, Journal asiatique, 1866, I, 114) : Fauste, 4, 43, parle d’un Zindkapet mis par le roi de Perse à la tête d’une armée de quatre-vingt-dix mille hommes.
  4. 13. Le passage d’Ibn Khordadbeh sur astân n’est pas clair et astân pourrait être un synonyme de kûra. L’original est stàna « lieu » ; le chef d’un istàn était dit istàndàr, abrégé en istandàr, de * stànadàra : il est curieux de retrouver le mot en hindoustani : thànadàr « chef de poste, chef de police », de thàna = sthàna).