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ANNALES DU MUSÉE GUIMET


en elle toutes les vertus naturelles et surnaturelles de la nature végétale et dont la sève, goûtée par le prêtre, confère à lui et à la communauté toutes les félicités terrestres et célestes. Les deux plantes ont le même nom, car Haoma est la forme que Soma devait prendre en zend, et il est possible qu’à une époque très ancienne la plante employée ait été la même des deux côtés. Enfin, non seulement les deux cultes sont essentiellement identiques dans leur objet et leur intention, mais le développement mythique qui s’est produit autour de Soma se retrouve dans ses grandes lignes autour de Haoma, et nous rencontrons les mêmes personnages debout autour de l’un et de l’autre. Les prêtres mythiques de Soma et les créateurs de son culte se nomment dans les Védas Vivasvat, Yama, fils de Vivasvat, Trita Âptya : les premiers prêtres de Haoma sont Vîvanhañt, le père de Yima ; Âthwya ; Thrita (voir §§ 4, 7, 10, texte et notes).

Le culte de Haoma est donc antérieur au Zoroastrisme, qui en a parfaite conscience : car Zoroastre nous est présenté comme le fils d’un prêtre de Haoma, qui ne vient que le quatrième dans la succession des grands adorateurs du dieu-plante, et la légende ne fait ici que consacrer un souvenir historique.


Si par le fond, le Hôm Yasht remonte aux plus anciennes traditions de la religion iranienne, par la forme il appartient aux couches les plus récentes. Il contient un passage qui permet, je crois, d’en déterminer la date maximum avec une certaine vraisemblance. C’est le passage sur l’usurpation du roi impie Keresâni (§ 24) ;

« Haoma a renversé du trône ce Keresâni qui s’était levé dans l’ambition du pouvoir, qui disait : « Désormais le Prêtre du feu n’ira plus à son gré « par le pays enseigner la loi ! » Il allait détruire toute prospérité, il allait abattre toute prospérité[1]. »

On a souvent rapproché ce Keresâni, renversé par Haoma, du Kriçânu des Védas, le gardien jaloux du Soma céleste, l’archer qui lance sa flèche

  1. Haomô temeit yim Keresânîm apakhshathrem nishâdhayat, yô raosta khshathrô-kâmya, yô davala : nôit mê apâm âthrava aiwishtish vercidhyé daińhava caràt ; hô vîspê vereidhinâm vanàt, ni vispê vereidhinâm janât.