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ANNALES DU MUSÉE GUIMET
10 (29). Le saint Haoma, qui éloigne la mort, me répondit :

Thrila, le plus bienfaisant des Sâmas 25[1], est le troisième mortel qui me prépara pour le monde des corps.

De ce bienfait il fut payé, cette faveur lui en advint, que lui naquirent ces deux fils, Urvâkhshaya et Reresâspa ; l’un justicier, ordonnateur de la loi 26[2] ; l’autre 27[3], héroïque 28[4] jeune homme, bouclé 29[5], porteur de massue 30[6] ;
11 (34). lequel tua le serpent cornu 31[7] qui dévorait les chevaux, dévorait les hommes ; le serpent venimeux et jaune, sur qui ruisselait un poison jaune, sur une épaisseur d’un pouce 32>[8].

Sur son dos Reresâspa était à cuire son repas dans l’airain 33[9]. A l’heure de midi le monstre brûla 34[10], il bondit 35[11], fit sauter l’airain 36[12], renversa l’eau bouillonnante 37[13], et tout effrayé recula le vaillant 38[14] Keresâspa.
  1. 25. Proche parent mythique de Thraêtaona devenu l’Esculape de l’Iran : voir l’introduction du Vd. XX. — Les Sàmas forment une autre vis, qui se rattache au Saistàn, et à qui appartiennent, dans la forme postérieure de la Geste, telle qu’on le trouve dans Firdausi, Sâm, Zâlizer, Rustam.
  2. 26. tkaéshô est le dâtôbar, « le juge, celui qui décide et rend justice » (aighash vicîr û dâtôbarih kart)-, dàtôràzô est le législateur (dât-ârâstar) « celui qui établit de bonnes lois » (dât frârûn barâ anakhtânt). — L’on sait peu de chose de la légende d’Urvàkhshaya ; seulement qu’il fut tué par Hitâspa, à la couronne d’or, et vengé par son frère Keresàspa qui tua le meurtrier après l’avoir attelé à son char (Yt. XV, 28 ; XIX, 41).
  3. 27. Keresàspa, l’Hercule avestéen ; voir ses exploits Yt. XIX, 38-44.
  4. 28. uparôkairyô, aparkâr, litt. « aux actions supérieures » (extraordinaires ou bien triomphantes).
  5. 29. gaèsush, gêsvar « qui porte boucle ».}}
  6. 30. gadhavarô : « il fit beaucoup d’exploits avec cette massue » (P.).
  7. 31. Azhi Srvara : « Sa corne, dit une paraphrase pehlvie de la légende, traduite par M. West (Pahlavi Texts, II, 374), était, en hauteur, grande comme une branche d’arbre » (afash srûb and cand shâk pun bâlâi bût).
  8. 32. arshtyô-hareza : N. mushtyangushthatungam.
  9. 33. ayañha : pun zak akinin dêg.
  10. 34. Il prit chaud.
  11. 35. hvisat ; « il sauta sur les deux pieds » (P.). — hvîs est le thème d’aoriste du p. khâstan « sauter », khiz-am « je saute ».
  12. 36. fràsh ayañhô frasparat, frâj zak ahînin dêg frâj spûrt.
  13. 37. Voir vol. III, p. 21, §§ 32-33 et note ; et p. 59, § 32 et note 1.
  14. 38. C’est-à-dire malgré sa bravoure. — Naremanaô « cœur viril », épithète de Kere-