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ZEND-AVESTA  : YASNA. — HÔM-YAST


[1]

De ce bienfait il fut payé, cette faveur lui en advint, que lui naquit pour fils Thraêtaona, d’une maison puissante 21[2] ;


8 (25). Qui tua Azdii Dahâka, aux trois gueules, aux trois têtes, aux six yeux, aux mille sens 22[3] ; Druj démoniaque très forte 23[4] ; méchant 24[5] funeste au monde ; la Druj la plus forte qu’Angra Mainyu ait créée contre le monde des corps, pour la destruction du monde du Bien.


9 (28). Quel est le troisième mortel, ô Haoma, qui te prépara pour le monde des corps ? De quel bienfait fut-il payé ? Quelle faveur lui en advint ?
  1. cf. XI, note 19). Avec le progrès de l’Évhémérisme, le serpent à trois têtes devient un mortel ordinaire, des deux épaules duquel sort un serpent qu’il faut nourrir de cervelle humaine (Shâh Nâma), et plus tard même ce n’est plus qu’un malheureux affligé de deux abcès à l’épaule (Mujmil).
    Azhi Dahâka s’est survécu à lui-même sous la forme d’Azhdahà, nom du dragon dans les contes populaires. Au temps de Maçoudi, il désignait encore le tannin, le serpent de mer des Arabes, qui cause les trombes et les cyclones : il a sept têtes (I, 268).
  2. 21. vîsô sùrayâo : cela signifie, dit le Commentaire « qu’il avait beaucoup de maisons par héritage paternel, que Dahàk lui avait enlevées par violence, et il exerça (?) la royauté de ses parents qui avait disparu (?) » (afzâr-visih anâ yahvûnt aiyhash khânak min apar-mândak î ahîlarân kabad yahvûnt, zakei Dahâk pun stahmakih lakhvdr vakhdûnt ; apash khutâih anâ khvêshâvand di padtâk là yahvûnt old dâsht. — Ce titre « d’une famille puissante » semble indiquer que Thraêtaona n’appartient pas à la famille royale, mais à une des grandes familles aristocratiques, rangées autour du trône et dont les représentants s’appelaient du titre de vîsô-puthra « fils de maison », devenu le vaspuhr et traduit par le Bar-bîtâ de l’époque sassanide (voir Vd. VII, 43, 114 ; Études iraniennes, II, 140).
  3. 22. hazaùra-yaokhshtim : traduction hypothétique. Le pehlvi le rend par un mot de lecture incertaine, hazâr v (ou ô) cvstar (dans Pt4 vcvstr) que Nériosengh traduit sahasrapranidhim « qui a mille espions » ou « mille serviteurs » et qui semble avoir été lu plus tard hazâr ôjastar, car une glose récente de Pt4, suivie par Frâmjî, a hazârgabrâ rdi zûr « qui a la force de mille hommes ». yaokhsti se retrouve ailleurs et traduit très diversement : kâmak « désir » (Vd. XIX, 30, 99) ; andêsha, vicârya « réflexion » (AT. VII, 5) ; il est dit de Mithra qu’il a « mille yaokhsti et dix mille yeux » (Yt. X, 82), ce qui fait supposer que yaokhsti pourrait signifier quelque chose comme « oreille », Mithra ayant « mille oreilles et mille yeux » hazanrogaoskem baêvarecashmanem ; cela expliquerait le kh pehlvi de ni-yôkhshitan « entendre », et peut-être aussi la traduction de Nériosengh.
  4. 23. Druj, de druj, tromper, mentir, nom donné aux puissances démoniaques en général et en particulier au démon qui s’empare des cadavres à la mort (Druj nasush). Druj est plus odieux que Daêva : l’enfer des archi-démons est appelé Drù-jaskân (Dâdistân, XXXIV, 4 ; cf. Vd. XIX, 41, 139).
  5. 24. drvañtem ; voir X, 16, note 50.