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ANNALES DU MUSÉE GUIMET


Upairisaêna 30[1], sur le Staêra qui a sa tête dans les étoiles 31[2], sur le Kusrâ-

    danâ vàcak azand, zand là gûft « sur ces mots il n’y a pas de zand ; on ne [nous] a pas dit de zand » (d’explication traditionnelle). Elle a pourtant bien reconnu qu’il s’agit « du nom des montagnes et des plaines où pousse Haoma » (sham î zak kôfihâ û dashtîhâ manash Hôm yakoijamûnât).

    L’identification de ces noms serait importante, sinon pour l’histoire du culte même, au moins pour la détermination de la plante ; malheureusement le texte est trop corrompu et par suite les lectures trop incertaines, et d’autre part la géographie comparative de la Perse est trop peu avancée pour permettre des identifications certaines.

  1. 30. shkata upairîsaêna, ô shkaft î aparsîn « vers les sh-k-f-t de l’Aparsîn » ; le mont Aparsîn est dit dans le Bundahish, XII, 21, kabad sh-k-f-t « qui a beaucoup de skikaft » ; il y a en persan un mot shikaft qui signifie « caverne, grotte » et l’on pourrait traduire « les grottes de l’Upairisaêna ». Mais il y a un homonyme qui signifie « merveilleux » (d’où le vicitra de Nériosengh) : dans ce sens kabad shikaft serait « la montagne aux nombreuses merveilles » et comme shkata paraît ailleurs comme partie du nom propre de l’Upairisaêna (Yt., IX, 3), il est peut-être plus sùr d’y voir l’adjectif shikaft. Ce qui importe davantage, c’est l’identification de l’Upairisaêna. L’Aparsîn, d’après le Bundahish, est la plus grande montagne après l’Elburz ; c’est la montagne d’où sortent le Harê-Rüd, le Hêtûmand (Helmend) et les rivières de Marv et de Balkh (XX, 16, 17, 22, 23), ce qui identifie avec une précision parfaite l'Upairisaêna avec la chaîne dite le Kôhi-Bàhâ, c’est-à-dire avec la branche orientale de l’Hindù-Kûsh, qui est haute de 5,486 mètres et d’où sortent les quatre rivières nommées, le Harê-Rûd et le Helmend au sud, la rivière de Merv à l’est, celle de Balkh au nord (Reclus, l. L, p. 36).
    D’après un autre passage du Bundahish, XII, 9, l’Aparsîn commence au Saistân et finit au Khùzistàn, donnée qui contredit la précédente ; mais Zâd Sparam, VII, 7, au lieu de Khùzistàn lit Cînistàn, « du Saistân à la Chine », ce qui devient exact, surtout si on ne limite pas l’Upairisaêna à la partie de l’Hindû-Kush comprise entre les sources de la rivière de Merv et de l’Helmend — rien dans les termes du Bundahish n’impose cette limitation — et si on l’identifie d’une façon générale à l'Hindû-Kush (le Paropanise) : l’Hindû-Kush s’étend en effet du bassin du Saistân au bassin chinois.

    Le Bundahish dit au même passage que l’on appelle l’Apârsîn (sic) « montagne de Perse » ; c’est une fantaisie étymologique née de l’assonance d’Apàrsîn avec Pàrs.

    Le nom Upairisaêna signifie « qui est au-dessus de l’aigle », c’est-à-dire plus haut que le vol de l’aigle ; une sorte d’ά-ορνοζ, comme celle que les Macédoniens rencontrèrent au bord de l’Indus.
  2. 31. avi Staêra stârô-sâra, nom poétique comme celui d’Upairisaêna : staêra rappelle de près le Taêra, sommet de l’Alborz où se lèvent les astres : mais l’assonance est sans doute accidentelle. Si l’identification de Pawràna avec la passe de Parvân est exacte (note 33), il faut chercher le mont Staêra dans le massif de Ghorband.