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ZEND-AVESTA  : YASNA 10. — HÔM-YASHT 2
dha Kusrô-patâdha 32[1], sur la passe de Pawràna 33[2] et sur les Montagnes Blanches 34[3].
12 (31). Et en tous ces lieux 35[4] tu pousses en espèces multiples, ô Haoma savoureux 36[5], couleur d’or.

Les vertus de santé se mêlent en toi, pris dans la mesure du bon sens 37[6]. Égare l’esprit de celui qui m’insulte 38, trouble l’esprit de celui qui se dresse devant moi, l’insulte aux lèvres 38[7].
13 (35). Prière à Haoma qui fait que le pauvre se sent aussi grand que le plus riche 39[8] !
  1. 32. Si l’identification de Pawràna avec la passe de Parvàn est exacte (note 33), il faut chercher le Kusrô-patàdha ( « voie, passe de Kusra » ?) parmi les passes du Ghorband.
  2. 33. avi Pawràna vishpatha : Pawràna rappelle d’une façon frappante le nom de la passe de Parvàn, une des plus difficiles de l’Hindû-Kush (Wood-Yule, A journey to the source of the Oxus, p. lxx ; Baber, Mémoires, tr. Pavet de Courteille, I, 285). — vishpatha « ouverture de route » ?, de patha « route » et du préfixe séparatif vish.
  3. 34. avi Spita-gaona gairi « vers les montagnes à couleur blanche », ce qui serait en persan Sifid kôh. Il y a deux chaînes de ce nom dans la région où nous sommes transportés, toutes deux ramifiées du Kôhî-Bàbà (portion de l’Upairisaêna ; v. note 30) : l’une, qui s’en détache à l’est, forme la muraille sud du Harê-rùd, à laquelle répond de l’autre côté de la rivière, la muraille parallèle de la montagne Noire (Siyâh kôh) ; l’autre, qui s’en détache à l’ouest, court vers le Panjàb et longe au sud la rivière de Kàbul.
  4. 35. paurvatàhva ; on serait tenté de traduire « sur ces montagnes », d’après le sanscrit parvata ; mais montagne se dit gairi et rien ne prouve d’ailleurs qu’il n’y ait que des montagnes dans l’énumération précédente (cf. note 29). Le pehlvi traduit jivâk pùrtàk « lieux multiples » et y voit un dérivé de pouru en symétrie avec pourusaredhô, pûr-sartak. Nous le suivons.
  5. 36. gaoma, carp « gras » (dérivé de gao, vache, viande, graisse), est traduit dans l’Aogemaidê gaulya, angabin « sucré ».
  6. 37. vanhéush manañhô mayàbyò « dans la mesure de Vohûman ; c’est-à-dire juste ce qu’il faut ; non point comme le bish brâtân (nom d’une plante toxique, probablement enivrante ; Grand Bund., p. 118), ce qui arrive quand pour trop guérir on vous tue l’homme » (Comm. P.).
  7. 38. dushsañhahê ; dùshsakhunaîgham mandûm zîsht avash yamalalûnît. — paràca vaêpaya, paçcât parivartaya, N.
  8. 39. « Quand avec peu de chose il est aussi joyeux qu’avec quelque chose de grand » (Comm. P.).

    Le meilleur commentaire de ces vers, s’ils en avaient besoin, serait la chanson de Burns en l’honneur de John Barleycorn, le Haoma de l’Écosse :

    ’Twill make a maii forget his woe ;


    ’Twill heighten all his joy…