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ZEND-AVESTA  : YASNA 12. — APPENDICE


mourut, son sperme tomba dans le sein de la terre, Spendârmat 6[1], c’està-dire dans le sein de sa mère ; et de là naquit le premier couple, Mashya et Mashyôî 6 : c’est la seconde sorte de Khêtuk-das, le mariage entre mère et fils. Mashya et Mashyôî s’unirent à leur tour et engendrèrent une série de couples qui suivirent leur exemple, de sorte que toute l’humanité est sortie du Khêtûk-das. Ce fut là la troisième sorte de Khêtûk-das, l’union entre frère et sœur 7[2].

Darabji observe que ces trois exemples sont des exemples mythiques et ne prouvent point une pratique humaine concordante. L’observation est juste ; mais la première question à résoudre n’est point de savoir si le Khêtûk-das incestueux a été normalement pratiqué, mais s’il est sanctifié et recommandé, et de cela le texte du Dînkart et nombre des textes recueillis par M. West ne permettent pas de douter. Je dois dire que ces textes ne prouvent que pour la période pehlvie et non pour l’Avesta, et il n’est pas permis d’en induire que le Hvaêtvadatha de l’Avesta soit le mariage incestueux. Il y a plutôt des raisons indirectes de croire le contraire, de sorte que l’inceste serait l’idéal des commentateurs et non celui du livre sacré. Les commentateurs ont cherché une allusion au Khêtûk-das, tels qu’ils l’entendent, dans un passage des Gâthas où paraît « Spenta-Armaiti, fille d’Ahura » (Yasna XLV, 4) ; mais il suffit de se reporter au texte pour voir qu’il n’y a là qu’un jeu d’esprit de casuiste en quête d’une preuve scripturale. Un fait plus grave, c’est que la légende ancienne de Zoroastre, c’est-à-dire de l’homme même à qui les apologistes du Khêtûk-das en attribuent l’institution (Dînkart, VII, dans West, p. 412), n’en offre pas d’exemple. Zoroastre épouse, non point sa mère, Dughdo, ni même une parente, mais une étrangère, la fille de Frashaoshtra, qui est de la famille des Hvogvas, tandis que lui-même est un Spitâma 8[3]. Il donne sa fille Pourucista à un étranger, Jâmâspa, le frère de Frashaoshtra 9[4]. S’il a prêché le Khêtûk-das incestueux, il s’est gardé de le pratiquer. Cf. cependant Yasna LIII, 3, n. 12.

Mais d’autre part si notre Avesta ignore le Khêtûk-das incestueux, la

  1. 6. Bundahish, XV, 1 ; cf. Âlbirûni, Chronology, p. 107.
  2. 7. West, l. l. 399-410 ; voir le texte dans l’édition Peshotan, ch. lxxxii.
  3. 8. Gâtha Vohukhshathra (Y. LI), 17.
  4. 9. Gàtha Vahishtôishti (Y. LIII), 3, 4.

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